jeudi 11 mars 2010

Lundi des patates, Mardi des patates...


Après la joie détournée par Bmw voilà la patate emblématisée par France-Télécom. Décidemment les publicitaires ont l’imagination au pouvoir. Faut dire qu’ils ont eu, encore une fois, le sniff creux. Une telle pub polluant tous les magazines, quelques jours après la décision de la Commission Européenne autorisant la culture par Basf d’une pomme de terre génétiquement modifiée, ne peut que redonner la patate aux salariés de l’entreprise. Finis tranxène, xanax et autres remèdes à l’empoisonnement du stress, voilà la chimique Amflora.

Faut-il rappeler que le fleuron de la communication et de la relation humaine a connu, (commis ?) 32 suicides sur 2008 et 2009 et déjà 5 en 2010 ? de salariés qui en avait, sans doute, gros sur la patate.

A moins que ce soit, de la part des publicitaires, une prescription poétiquement sublimée. Un éloge en sorte de la patate.


Peler une pomme de terre bouillie de qualité est un plaisir de choix. Entre le gras du pouce et la pointe du couteau, tenu par les autres doigts de la même main, l’on saisit, après l’avoir incisé, par l’une de ses lèvres ce rêche et fin papier que l’on tire à soi pour le détacher de la chair appétissante du tubercule…

Le léger bruit que font les tissus en se décollant est doux à l’oreille, et la découverte de la pulpe comestible réjouissante.

Il semble, à reconnaître la perfection du fruit nu, sa différence, sa ressemblance, sa surprise, et la facilité de l’opération, que l’on ait accompli là quelque chose de juste, dès longtemps prévu et souhaité par la nature, que l’on a eu toutefois le mérite d’exaucer…

Reste ce bloc friable et savoureux, qui prête moins qu’à d’abord vivre, ensuite à philosopher.

Extrait de « Pièces » de Francis Ponge


On a acheté des pommes de terre. Elle les vend cinquante centimes le kilo, elle ne sait pas traiter ses affaires. On papote un peu, elle relance la conversation quand on monte dans sa voiture : on a du mal à partir, avec elle. Elle nous fait signe longtemps de la main pour dire au revoir : au loin on a déjà germé dans l’obscurité qu’elle ne connaît pas.

Extrait de « Une femme de ferme » de David Dumortier.


Vous pouvez aussi aller sur le site de Jean Foucault, le poète conservateur de la patate.

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