lundi 22 mars 2010

Le printemps s'apprête en hiver


Premières tombées de laine, odeur de peau neuve, le printemps est au rendez-vous de son poème apprêté en hiver.
Quand sourit la prime pâquerette, nous sommes encore dans l’impatience. « Il est rude, il est long, plus que l’hiver passé », l’hiver a été, rempli sa saison, ramassé dans son repos, les futures forces d’éclosions, de bourgeonnements.
L’hiver ? Nous n’en comprenons plus le sens. Oubliées nos leçons de terre. Est-ce notre constat d’éphémère sur une terre qui dure, ponctuelle dans son mouvement vital qui nous fait décrocher de ses harmoniques ?
Comme si le ressentiment prenait, de plus en plus, le pas sur le sentiment. Avons-nous perdu toute simplicité, capacité de joie à la moindre violette ? Avons-nous perdu tout savoir-vivre à la table terrestre ? N’aimons-nous que la cueillette opportune ? Ne ressentons-nous plus les battements communs des choses ? Laissons-nous l’instant pour le bruit du courant ?
Nous sommes, de moins en moins, ouverts au temps, disponibles à la beauté. Nous avons une idée du bonheur qui nous rend malheureux. Nous préférons la tiédeur à l’âpreté. Nous voudrions l’âme bien née plutôt que forgée.
Nous raclons la terre collée à nos cœurs, nous l’aimons sous vide.
Finirons-nous, aussi, par trouver gênante la neige qui, dans quelques jours, va voler des cerisiers ?

2 commentaires:

  1. Bravo Jean Pierre. Je suis en totale harmonie avec toi.
    Grands ouverts aux battements de la vie, aux rythmes de la nature, aux renouvellements de nos cellules, nous serions moins amateurs de drogues licites et illicites.
    La neige rose qui envahit mon prunier attire toutes sortes d'oiseaux qui veulent en tapisser leurs nids. Ça se bécote sur toutes les branches et j'aime ça !

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  2. Très joli post, en effet.
    A force de marcher le nez dans le nombril, on en finit capricieux avec la nature-même, lui reprochant chaque jour d'hiver sa rudesse, son désaccord avec la tiédeur de nos désirs, ignorant les saisons, et leur beauté. Heureusement, elle reste encore indomptable...

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