samedi 28 février 2009
vendredi 27 février 2009
boggie blues/2
jeudi 26 février 2009
mardi 24 février 2009
Berger de sept lieues
L’autre soir, à « la grande librairie », un homme crevait l’écran : John Berger, avec sa gueule de pâtre savoyard, aux yeux d’eau de roche. Notre Berger est, en fait, Anglais mais partage ses vies entre Paris, la Haute-Savoie et beaucoup de pays, plutôt en souffrance, comme récemment la Cisjordanie. Car ce Monsieur né en 1926 à Londres est un citoyen engagé du monde, aux multiples combats livrés dans l’écriture. Son dernier livre, titré « de A à X », prend la forme de lettres qu’une femme adresse à son amant, condamné et emprisonné pour actes de terrorisme, dans un pays autoritaire matant toute rébellion politique.
« Un livre, pour moi,-dit-il dans un récent interview dans Télérama-, ne commence ni avec une idée ni avec un personnage. Mais avec la prise de conscience qu’un silence demande à être rempli. Dans le cas de ce livre, le silence en question, c’est peut-être celui qui entoure la vie personnelle, intime, affective, secrète, des milliers ou millions de gens que, partout dans le monde, on appelle des terroristes ». Des terroristes comme nos pâtres Français buveurs de lait des Mille vaches, ayant eu le tort de trop regarder passer les trains ou ce journaliste Irakien, actuellement jugé, lanceur de pompes sur le funèbre va-t-en-guerre viré par Obama.
L’autre soir, justement, notre écrivain de cuir, John Berger a utilisé un symbole identique pour mieux résumer son livre. Sortie de dessous sa chaise, il a longuement montré à la caméra une chaussure de sport usagée, comme celle portée chez lui par l’amant de son livre avant son emprisonnement. Une basket, retournée sous toutes les coutures de sa vie, caressée à plein d’occasions par les yeux de l’amante, pour dire toute l’horreur de la séparation, l’insupportable arrachement rappelé, sans cesse, par ces choses de l’existence qui sont le tissu du corps aimé dont on ignore le moment de retour, de recollement. Voilà comment un grand écrivain de sept lieues nous aide à chausser les bottes de la résistance.
« Un livre, pour moi,-dit-il dans un récent interview dans Télérama-, ne commence ni avec une idée ni avec un personnage. Mais avec la prise de conscience qu’un silence demande à être rempli. Dans le cas de ce livre, le silence en question, c’est peut-être celui qui entoure la vie personnelle, intime, affective, secrète, des milliers ou millions de gens que, partout dans le monde, on appelle des terroristes ». Des terroristes comme nos pâtres Français buveurs de lait des Mille vaches, ayant eu le tort de trop regarder passer les trains ou ce journaliste Irakien, actuellement jugé, lanceur de pompes sur le funèbre va-t-en-guerre viré par Obama.
L’autre soir, justement, notre écrivain de cuir, John Berger a utilisé un symbole identique pour mieux résumer son livre. Sortie de dessous sa chaise, il a longuement montré à la caméra une chaussure de sport usagée, comme celle portée chez lui par l’amant de son livre avant son emprisonnement. Une basket, retournée sous toutes les coutures de sa vie, caressée à plein d’occasions par les yeux de l’amante, pour dire toute l’horreur de la séparation, l’insupportable arrachement rappelé, sans cesse, par ces choses de l’existence qui sont le tissu du corps aimé dont on ignore le moment de retour, de recollement. Voilà comment un grand écrivain de sept lieues nous aide à chausser les bottes de la résistance.
lundi 23 février 2009
Et si le XXIème siècle était poétique?
Et si ce siècle, contredisant Malraux devenait non pas religieux mais poétique ? Voilà que nait sur le profond mouvement social de la Guadeloupe puis de la Martinique le manifeste de neuf intellectuels Antillais, dont Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau…pour une société post capitaliste « non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement; où emploi, salaire, consommation et production seraient des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain.» « Toute vie humaine un peu équilibrée, s’équilibre entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) et de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime ( en clair : le poétique) ». Le libéralisme « s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires- non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte d’épuration éthique entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain. »
On peut lire dans « La parole en archipel » de René char : « les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort ». Depuis des années, le capitalisme nous inocule son idéologie mortifère. Il a transformé la personne en un individu isolé recherchant la maximation de son intérêt personnel. Il a tout marchandisé. Quand le « prosaïque » nous disent les auteurs Antillais, n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie et son besoin de sens peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Il est donc urgent d’escorter « les produits de premières nécessités » d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité »… « Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté »
Où comment pour suivre René Char : « Echapper à la honteuse contrainte du choix entre l’obéissance et la démence ».
On peut lire dans « La parole en archipel » de René char : « les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort ». Depuis des années, le capitalisme nous inocule son idéologie mortifère. Il a transformé la personne en un individu isolé recherchant la maximation de son intérêt personnel. Il a tout marchandisé. Quand le « prosaïque » nous disent les auteurs Antillais, n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie et son besoin de sens peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Il est donc urgent d’escorter « les produits de premières nécessités » d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité »… « Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté »
Où comment pour suivre René Char : « Echapper à la honteuse contrainte du choix entre l’obéissance et la démence ».
vendredi 20 février 2009
Faut pas nous prendre pour des têtes de l'art !
Connaissez-vous Jeff Koons ? Peut-être alors ses œuvres ? Non ? On dit que c’est l’artiste contemporain le plus cher au monde. Ainsi sa dernière œuvre « Ballon flower » a été adjugée récemment pour 16 millions d’euros. De septembre à janvier, il a envahi le château de Versailles, avec des sculptures géantes et kitsch, dans le jardin, « Split- Rocker », une sculpture de 12 mètres de haut composée de 90000 fleurs, dans diverses salles, entre autres, un homard géant en aluminium, un lapin en acier, une panthère rose ou un Mickael Jackson en porcelaine. Ca ressemble à des jouets de mauvais goût, à des objets de bazar monumentalisés, clinquants, faits pour épater la galerie et briller dans les salons des très richissimes collectionneurs.
Connaissez-vous Jean-Jacques Aillagon ? Mais si, cet ancien ministre de la culture qu’on voyait régulièrement se faire interpeller par les intermittents le soir de la cérémonie des césars. C’est lui qui préside maintenant le domaine de Versailles et a donc invité Jeff Koons.
Avant Versailles, il était à Venise et dirigeait le Palazzo Grassi, propriété de François Pinault.
Connaissez-vous François Pinault ? Oui c’est le grand patron Breton parti de pas grand-chose, genre Tapie futé, ami des politiques, des Giscard, Chirac ou Sarkosy. Après avoir bâti PPR ( Pinault Printemps Redoute), il a investi dans le luxe avec Gucci. Aujourd’hui il a placé son fils à la tête d’un groupe dont on dit qu’il contrôle environ 43% et il se consacre avec sa fortune estimée la dixième en Europe essentiellement à sa grande passion : l’art moderne et contemporain qu’il présente donc dans son palais de Venise et parmi ses pièces, plusieurs Jeff Koons dont un chien éléphantesque qu’on retrouve à… Versailles.
Connaissez-vous la Fnac ou Conforama ? Ce sont des enseignes du groupe PPR qui vient d’annoncer pour 2008, un résultat net de 924 millions d’euros. Ce sont des enseignes dans lesquelles le PDG vient de programmer la disparition de 1200 emplois. Crise ? Ou réponse à la chute du cours boursier et donc à l’éventuelle rente des actionnaires et du principal qui du coup pourrait plus difficilement s’acheter ses jouets Koons ? Allez, comme un bonheur est si vite arrivé, il parait que le marché de l’art est, lui aussi, au bord de la crise et qu’il va s’écrouler. Et tant qu’il y aura des amis pour exposer les Jeff Koons dans des lieux susceptibles de frapper les médias et ainsi protéger les cotes, les milliardaires peuvent spéculer tranquilles sous les yeux ébahis des chômeurs venus à Versailles pour tuer le temps.
Connaissez-vous Jean-Jacques Aillagon ? Mais si, cet ancien ministre de la culture qu’on voyait régulièrement se faire interpeller par les intermittents le soir de la cérémonie des césars. C’est lui qui préside maintenant le domaine de Versailles et a donc invité Jeff Koons.
Avant Versailles, il était à Venise et dirigeait le Palazzo Grassi, propriété de François Pinault.
Connaissez-vous François Pinault ? Oui c’est le grand patron Breton parti de pas grand-chose, genre Tapie futé, ami des politiques, des Giscard, Chirac ou Sarkosy. Après avoir bâti PPR ( Pinault Printemps Redoute), il a investi dans le luxe avec Gucci. Aujourd’hui il a placé son fils à la tête d’un groupe dont on dit qu’il contrôle environ 43% et il se consacre avec sa fortune estimée la dixième en Europe essentiellement à sa grande passion : l’art moderne et contemporain qu’il présente donc dans son palais de Venise et parmi ses pièces, plusieurs Jeff Koons dont un chien éléphantesque qu’on retrouve à… Versailles.
Connaissez-vous la Fnac ou Conforama ? Ce sont des enseignes du groupe PPR qui vient d’annoncer pour 2008, un résultat net de 924 millions d’euros. Ce sont des enseignes dans lesquelles le PDG vient de programmer la disparition de 1200 emplois. Crise ? Ou réponse à la chute du cours boursier et donc à l’éventuelle rente des actionnaires et du principal qui du coup pourrait plus difficilement s’acheter ses jouets Koons ? Allez, comme un bonheur est si vite arrivé, il parait que le marché de l’art est, lui aussi, au bord de la crise et qu’il va s’écrouler. Et tant qu’il y aura des amis pour exposer les Jeff Koons dans des lieux susceptibles de frapper les médias et ainsi protéger les cotes, les milliardaires peuvent spéculer tranquilles sous les yeux ébahis des chômeurs venus à Versailles pour tuer le temps.
mercredi 18 février 2009
Bill le renfloueur
Par ces temps de crise, le malheur des uns peut exciter les neurones des autres. Après Joe le «plombier», le plus célèbre déboucheur d’idées de John Mac Caine, voilà «bailout Bill», Bill «le renfloueur». Ce citoyen américain vient de distribuer en quelques jours quelques 500000 dollars dans quatre villes : New York, Washington, boston et Philadelphie. Ainsi, à New York, il a accordé à près de 800 personnes de 50 à 3000 dollars en deux jours à un guichet improvisé en pleine rue. Les bénéficiaires potentiels devaient auparavant étaler leurs problèmes devant le micro et la caméra d’un assistant, le montant attribué étant apprécié à l’aune des détresses.
Alors nouveau messie multipliant les billets verts ? Richissime fakir de la planche à monnaie ? Clone de Bill Gates ayant fumé toute la moquette de la Maison Blanche ? Non, simplement petit malin faisant la promotion de son site internet de rencontres et ayant calculé que ces quelques milliers de dollars, lui feraient une publicité, dans tous le pays et même à l’extérieur, bien plus grande que quelques spots à la télé.
Voilà qui devrait, sans aucun doute, donner des idées, à beaucoup. Ainsi pourrait-on voir, bientôt, pour renflouer leur image et se refaire une virginité, les patrons du Cac 40 distribuer leur bonus et autre parachute doré sur le trottoir de leur entreprise, les chefs de la grande distribution leurs marges arrière, les différentes mafias leur argent sale… en espérant que ce ne soit pas monnaie de singe.
Alors nouveau messie multipliant les billets verts ? Richissime fakir de la planche à monnaie ? Clone de Bill Gates ayant fumé toute la moquette de la Maison Blanche ? Non, simplement petit malin faisant la promotion de son site internet de rencontres et ayant calculé que ces quelques milliers de dollars, lui feraient une publicité, dans tous le pays et même à l’extérieur, bien plus grande que quelques spots à la télé.
Voilà qui devrait, sans aucun doute, donner des idées, à beaucoup. Ainsi pourrait-on voir, bientôt, pour renflouer leur image et se refaire une virginité, les patrons du Cac 40 distribuer leur bonus et autre parachute doré sur le trottoir de leur entreprise, les chefs de la grande distribution leurs marges arrière, les différentes mafias leur argent sale… en espérant que ce ne soit pas monnaie de singe.
mardi 17 février 2009
Attention peinture fraîche
Voilà de retour ce 14 février la St Valentin et la fête des fleuristes, bijoutiers, parfumeurs et autres restaurateurs. Mais sont-ils eux-mêmes amoureux tous ces marchands de bonheur tarifé ? Dis c’est quand la fête de ceux qui sont pas amoureux ? La St Glin-glin pourrait convenir et ferait se frotter les mains des marchands de cordes, creuseurs de puits, armuriers et autres bonimenteurs à tarots. Ce pourrait être la St Valentine et la fête de tous les marchands de couleurs pour tous ceux qui ne peuvent pas ou plus se voir en peinture et choisiraient ce jour pour repeindre leur existence du sol au plafond, se mettre au vert, broyer définitivement du noir ou regarder la vie en rose. Bien sûr l’amour se consomme comme il se consume mais lui faut-il une date totem plutôt que la longueur du temps, la langueur des jours, la douceur des bécots sur la peinture fraiche des bancs publics au hasard du calendrier du cœur.
lundi 16 février 2009
La vie au fil des mots
« Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions ? »
C’est un très récent fait divers qui m’a conduit à cette très belle phrase de René Char : Le 11 février une internaute de Carros dans les Alpes-Maritimes, en consultant un site dédié à la poésie, Je poème.com, s’est alertée du message d’une utilisatrice exprimant son intention de mettre fin à ses jours. La gendarmerie prévenue, après identification de la personne, malgré son utilisation d’un pseudo, grâce à la chaîne des autres utilisateurs, a fini par la localiser en Vendée. La victime trouvée inconsciente après absorption de somnifères additionnés d’alcool a ainsi été sauvée. C’était une femme seule vivant avec un enfant handicapé.
En confiant son intention au réseau poétique, la désespérée, inconsciemment n’espérait-elle pas voir sous son immense douleur se nouer les mains tachées d’encre de tous les amis Pierrot, se tendre la toile des mots de tous les marcheurs sur la lune, de tous les amoureux d’un monde en concordance avec leurs rêves. A t-elle voulu confier sa vie trop lourde au pollen de tous les poèmes d’amour ? Voulait-elle en finir avec la parole pour revenir au premier cri du monde ?
Avait-elle lu cette autre phrase de René Char : « Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient. » ?
C’est un très récent fait divers qui m’a conduit à cette très belle phrase de René Char : Le 11 février une internaute de Carros dans les Alpes-Maritimes, en consultant un site dédié à la poésie, Je poème.com, s’est alertée du message d’une utilisatrice exprimant son intention de mettre fin à ses jours. La gendarmerie prévenue, après identification de la personne, malgré son utilisation d’un pseudo, grâce à la chaîne des autres utilisateurs, a fini par la localiser en Vendée. La victime trouvée inconsciente après absorption de somnifères additionnés d’alcool a ainsi été sauvée. C’était une femme seule vivant avec un enfant handicapé.
En confiant son intention au réseau poétique, la désespérée, inconsciemment n’espérait-elle pas voir sous son immense douleur se nouer les mains tachées d’encre de tous les amis Pierrot, se tendre la toile des mots de tous les marcheurs sur la lune, de tous les amoureux d’un monde en concordance avec leurs rêves. A t-elle voulu confier sa vie trop lourde au pollen de tous les poèmes d’amour ? Voulait-elle en finir avec la parole pour revenir au premier cri du monde ?
Avait-elle lu cette autre phrase de René Char : « Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient. » ?
mardi 3 février 2009
Vos gueules les mouettes !
Depuis le regretté Reiser la vie des bêtes ne s’est guère améliorée, elle aurait plutôt empiré. Ainsi hier, pouvait-on voir, au journal de la 2, de pauvres oies se faire plumer vivantes en Hongrie pour aller gonfler les couettes douillettes de nos amis Suédois horrifiés à la vue de ce reportage tourné en caméra caché. Pourquoi vivantes, simplement parce que le duvet repoussant, les bourreaux peuvent ainsi espérer les plumer au moins quatre fois avant leur mort. Alors me direz-vous, les terribles images de Gaza à peine sèches, est-il logique de s’apitoyer sur le sort des oies hongroises, de leurs sœurs au foie gras, des poulets en batterie, des visons à fourrure, des taureaux des arènes, des chiens chinois, des baleines nippones et autres chats et singes des cosmétiques ? Peut-être pas de s’apitoyer mais logique de dénoncer le sort fait à tous ces animaux au nom de l’économique, du plaisir et du loisir. Ce qui est en jeu c’est l’exploitation organisée de l’animal à des fins de bonheur humain. Ce qui est en jeu, c’est la dégradation du degré de civilisation de nos comportements.
Heureusement, l’Homme a ses semblables pour se rattraper et étaler ses faces civilisées. Heureusement, il paraît inconcevable de voir sur nos écrans des hommes plumer par d’autres, réduits en esclavage économique ou sexuel, enrôlés même enfants dans des guerres, torturés à Guantanamo ou ailleurs. Heureusement l’exploitation ordinaire de l’Homme par l’Homme dans le monde du travail n’est qu’une allégation syndicale. Et puis que dire de ces horribles chevaux qui obligent de pauvres jockeys à franchir des obstacles ou de ce terrible bichon maltais Sumo qui vient de lâchement mordre notre ancien président Jacques Chirac ?
Heureusement, l’Homme a ses semblables pour se rattraper et étaler ses faces civilisées. Heureusement, il paraît inconcevable de voir sur nos écrans des hommes plumer par d’autres, réduits en esclavage économique ou sexuel, enrôlés même enfants dans des guerres, torturés à Guantanamo ou ailleurs. Heureusement l’exploitation ordinaire de l’Homme par l’Homme dans le monde du travail n’est qu’une allégation syndicale. Et puis que dire de ces horribles chevaux qui obligent de pauvres jockeys à franchir des obstacles ou de ce terrible bichon maltais Sumo qui vient de lâchement mordre notre ancien président Jacques Chirac ?
lundi 2 février 2009
Du bruit dans l’aquarium
Il y a quelque temps, mon camarade Lamartine s’interrogeait pour savoir si les objets inanimés avaient une âme. Aujourd’hui et après quelques récitations hésitantes, je crois malheureusement que nous pouvons répondre sans hésitation oui mille fois oui, notre âme.
Les objets ont ravi notre âme depuis quelques décennies, transformant la plupart d’entre nous en compulsifs consommateurs, beaucoup trouvant même dans le renouvellement incessant et l’accumulation leur seul moteur de réalisation.
Parmi les fétiches à la mode, regardons l’écran plat. Il y a encore peu d’années, la télé se tenait dans un meuble, était retenu. Elle causait essentiellement au moment des repas, avant d’envahir le quotidien des ménagères de plus de cinquante ans engluées dans l’or noir de Dallas. Et puis la télé a débordé comme un lait sur les feux de l’amour devenant l’âme qui vive des maisons. Aujourd’hui la voilà crevant les murs comme le passe-muraille de Marcel Aymé, la voilà pratiquement dévorant les murs, élargissant considérablement la misère dans nos assiettes. Mais bizarrement un S.D.F, pratiquement grandeur nature, faisant les poubelles dans nos salons, passe aussi inaperçu dans le plasma que quand il était serré dans les cinquante centimètres des tubes cathodiques. Comme si, plus cet objet s’agrandit, plus se rétrécit notre âme. Sans parler du cœur dont les oscillations compassionnelles épousent leur platitude toujours plus grande.
La télé est devenue un vaste aquarium dans lequel nous regardons avec la plus froide indifférence évoluer, s’entre-dévorer ou se noyer les hommes. De temps en temps, on émiette quelques téléthons au dessus de l’eau par reflexe et bonne conscience.
Les objets ont ravi notre âme depuis quelques décennies, transformant la plupart d’entre nous en compulsifs consommateurs, beaucoup trouvant même dans le renouvellement incessant et l’accumulation leur seul moteur de réalisation.
Parmi les fétiches à la mode, regardons l’écran plat. Il y a encore peu d’années, la télé se tenait dans un meuble, était retenu. Elle causait essentiellement au moment des repas, avant d’envahir le quotidien des ménagères de plus de cinquante ans engluées dans l’or noir de Dallas. Et puis la télé a débordé comme un lait sur les feux de l’amour devenant l’âme qui vive des maisons. Aujourd’hui la voilà crevant les murs comme le passe-muraille de Marcel Aymé, la voilà pratiquement dévorant les murs, élargissant considérablement la misère dans nos assiettes. Mais bizarrement un S.D.F, pratiquement grandeur nature, faisant les poubelles dans nos salons, passe aussi inaperçu dans le plasma que quand il était serré dans les cinquante centimètres des tubes cathodiques. Comme si, plus cet objet s’agrandit, plus se rétrécit notre âme. Sans parler du cœur dont les oscillations compassionnelles épousent leur platitude toujours plus grande.
La télé est devenue un vaste aquarium dans lequel nous regardons avec la plus froide indifférence évoluer, s’entre-dévorer ou se noyer les hommes. De temps en temps, on émiette quelques téléthons au dessus de l’eau par reflexe et bonne conscience.
dimanche 1 février 2009
Chronique de l’amour ordinaire
C’est aujourd’hui dimanche comme une ancienne chanson que chantait mon papa avec des roses blanches, une chanson triste, autre chanson que me chantait ma maman reprenant Salvador, dimanche et de surcroit le début d’un nouveau mois, février et ses 28 jours qui compriment le temps et dilatent le nez dans les premiers signes du printemps, primevères ou violettes. Violettes impériales un autre air d’opéra que poussait aussi mon papa qui avait une très belle voix qu’il vouait beaucoup trop à mon goût à l’encens et aux vitraux.
Dimanche, donc où je voudrais vous parler d’amour, pas celui des cieux mais le délicieux, celui des caprices des dieux, de la volupté amoureuse, celui du palais (pas du Brongniart) et des lèvres. Cet amour dans lequel il faudrait tout entier nous investir au lieu de nous travestir dès le lundi ou le mardi au long de nos journées.
A Nantes justement où règne aussi la haine ordinaire, ce sont les folles journées autour de Bach, l’amour encore dans le partage de la musique, l’amour dans l’écoute de la petite musique (merci aussi Mozart) particulière de chacun. Pourquoi « folle » journée, je ne sais pas, peut-être pour opposer à normal une journée sans musique, une journée de bruit, une journée perdue pour sa petite musique, de gagne-pain. Mais ne devrait-on pas penser « folles » ces journées justement sans amour.
Dimanche, donc où je voudrais vous parler d’amour, pas celui des cieux mais le délicieux, celui des caprices des dieux, de la volupté amoureuse, celui du palais (pas du Brongniart) et des lèvres. Cet amour dans lequel il faudrait tout entier nous investir au lieu de nous travestir dès le lundi ou le mardi au long de nos journées.
A Nantes justement où règne aussi la haine ordinaire, ce sont les folles journées autour de Bach, l’amour encore dans le partage de la musique, l’amour dans l’écoute de la petite musique (merci aussi Mozart) particulière de chacun. Pourquoi « folle » journée, je ne sais pas, peut-être pour opposer à normal une journée sans musique, une journée de bruit, une journée perdue pour sa petite musique, de gagne-pain. Mais ne devrait-on pas penser « folles » ces journées justement sans amour.
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