Tic, tic, tic, sous le pied-de-biche, l’aiguille
trottine dans le tissu que maman guide de ses deux mains. Le fil du dessus
boucle celui du dessous. Canette et bobine se nouent. Bobine est cousu de six caractères. Si je défais son nœud, je
peux tirer l’extra-fort de la pellicule, le câblé de la binette ou le nylon du
moulinet. Laisser donc aller ma ligne au fil des mots, pousser un peu le
bouchon coloré dans le courant des pages.
Tacatam, tacatam, le Pacific Express siffle mon chariot de western. Je l’ai fabriqué
avec deux des petits cylindres de bois débobinés que maman m’a donné. Sur leurs
roues tourne l’étiquette de papier DMC ou THIRIEZ avec sa tête de cheval.
Tacatam, tacatam, en revenant de l’école, je prends son chemin de points dans
la longue plaine de son ouvrage. Lance mon lasso autour de son cheval de fer.
Clic, clic,clic, sur le rouleau frappent les barres,
le chariot cahote sur le papier que couturent mes deux doigts. Le filet d’encre
croise le fil de mes pensées. Consonne et voyelle se serrent. Voyelle est une agate.
Si je dénoue son chatoiement, je peux
délier le noir métallique, le blanc ou bleu porcelaine, le vert ou rouge vernissé.
Colorer ces jours de stylo-bille qui n’avançaient que d’une pichenette.
Clic, clic, clic, les touches s’enfoncent. Tic, tic,
tic, l’aiguille tressaute. Nos deux pièces croisent leurs chemins de piqûres. Le
corps longtemps sur le métier, nous cousons de concert. Clic, clic, clic, je
lui pique des mots, tacatam, tacatam, pour faire un beau voyage. Un poème qui
tombe aussi bien que la blouse qu’elle m’essaie. Un poème avec des escarbilles
dans les calots et des marbres dans les poches.
quelle imagination.............et la photo est superbe, bravo............
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