lundi 24 décembre 2012
Minuit des bêtes
Il en est des bêtes comme des hommes. Pour le moins elles ne jouissent pas toutes des mêmes privilèges. A Distré, Maine-et-Loire, six castors sont poursuivis par le maire pour constructions intempestives de barrages sur le Douet conduisant à des inondations. Il demande donc au tribunal administratif l’autorisation de destruction de leurs châteaux d’eau. Heureusement Les Rongeurs, eux, sont protégés comme de nombreuses autres espèces. Ainsi les batraciens, pour lesquels au moment de leur traversée amoureuse, la Dreal a imaginé, sous leurs routes migratoires, des batrachoducs.
A l’inverse, comme nos deux éléphantes Lyonnaises qui vont finalement être euthanasiées après le rejet de la requête demandée par le directeur du cirque Pinder, des millions d’animaux n’auront pas le loisir de nous offrir leurs voeux, sacrifiés dans la grande bouffe finale. Bien sûr, si c’est invariablement le grand moment de la fête du canard qui rêverait, sans doute, de n’avoir ni foie ni cuisse ni magret, le reste de la grande boucherie relève de l’humeur du moment, de la grande loterie du goût. Un sociologue pourrait ainsi se pencher sur les menus annuels des réveillons pour tirer variations de nos mœurs gastriques.
Ainsi cette année, on peut constater le définitif déclin de la dinde. Mais aussi de toutes ces victimes de la rareté et de l’exotisme comme le sanglier, le cerf ou le kangourou. Cette année, phénomène de crise ou de repli sur soi, on rejette le sauvage même d’élevage pour le serré de batterie ou l’élevé au plein air: canard canette, chapon, veau, bœuf…
Cette année, les victimes de l’hécatombe, à côté de laquelle nos grandes guerres sont des bluettes, ne seront ni l’étrangère ni la bête des bois, mais plutôt celle des batteries et des champs. Encore une fois, à part un âne et un bœuf, sauvé par un petit jésus en culotte de velours.
Illustration : le grand Soutine exposé jusqu’au 21 janvier 2013 à l’Orangerie
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