mercredi 26 décembre 2012



Bonne fin d'année à

toutes et tous

mardi 25 décembre 2012




Deux cadeaux pour le prix d'un: une caricature de mon vieux pote Dylan qui avait osé en 2009 un délirant album de Noël: "Christmas in the heart"

et un bon vieux classique de J Dutronc...


lundi 24 décembre 2012

Minuit des bêtes






Il en est des bêtes comme des hommes. Pour le moins elles ne jouissent pas toutes des mêmes privilèges. A Distré, Maine-et-Loire, six castors sont poursuivis par le maire pour constructions intempestives de barrages sur le Douet conduisant à des inondations. Il demande donc au tribunal administratif l’autorisation de destruction de leurs châteaux d’eau. Heureusement Les Rongeurs, eux, sont protégés comme de nombreuses autres espèces. Ainsi les batraciens, pour lesquels au moment de leur traversée amoureuse, la Dreal a imaginé, sous leurs routes migratoires, des batrachoducs.
A l’inverse, comme nos deux éléphantes Lyonnaises qui vont finalement être euthanasiées après le rejet de la requête demandée par le directeur du cirque Pinder, des millions d’animaux n’auront pas le loisir de nous offrir leurs voeux, sacrifiés dans la grande bouffe finale. Bien sûr, si c’est invariablement le grand moment de la fête du canard qui rêverait, sans doute, de n’avoir ni foie ni cuisse ni magret, le reste de la grande boucherie relève de l’humeur du moment, de la grande loterie du goût. Un sociologue pourrait ainsi se pencher sur les menus annuels des réveillons pour tirer variations de nos mœurs gastriques.
Ainsi cette année, on peut constater le définitif déclin de la dinde. Mais aussi de toutes ces victimes de la rareté et de l’exotisme comme le sanglier, le cerf ou le kangourou. Cette année, phénomène de crise ou de repli sur soi, on rejette le sauvage même d’élevage pour le serré de batterie ou l’élevé au plein air: canard canette, chapon, veau, bœuf…
Cette année, les victimes de l’hécatombe, à côté de laquelle nos grandes guerres sont des bluettes, ne seront ni l’étrangère ni la bête des bois, mais plutôt celle des batteries et des champs. Encore une fois, à part un âne et un bœuf, sauvé par un petit jésus en culotte de velours.

Illustration : le grand Soutine exposé jusqu’au 21 janvier 2013 à l’Orangerie



:

samedi 22 décembre 2012

Une minute de soleil en plus







Selon le référent Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides, le solstice d’hiver tombait cette année le 21/12/2012 à 11h 11m 37s, entraînant que l’automne aura tenu 89 jours 20h 22m et 38,40s. Voilà le genre de sablier qui, nous faisant toucher chaque seconde, nous permet de relativiser l’impression de la fuite sournoise du temps.
Mais surtout nous enregistrons qu’à partir de ce moment un aiguillage bouge insensiblement dans le bon sens. A partir du 22 décembre, si le soleil continue de feignanter au lever il retarde son coucher de soixante secondes.
Evidemment une minute c’est une goutte d’eau, direz-vous, mais quand c’est une goutte de soleil dans notre grisaille ça vaut de l’or. Surtout que c’est la goutte de lumière qui a fait déborder le 21 décembre et renvoyé donc à leurs calculs apocalyptiques tous les nécrophages et autres Nimbus de l’alignement des planètes. Interprètes farfelus du Long compte Maya. Sachant, au passage, que, selon notre breveté IMCCE et après plus de cinquante investigations réalisées par des historiens et des astronomes, il existe un écart de 1039 ans entre les deux corrélations extrêmes projetées entre notre calendrier et celui des Mayas.
Et cette dernière minute retardée qui permet d’enfiler encore un fil dans le chas d’une aiguille ou d’en retrouver éventuellement une autre dans la botte blonde des cheveux de ma compagne c’est une goutte de miel. Comme la douceur de son visage que j’ai vu, justement ce 21, se pencher sur les…chut…bougies de son anniversaire.
Il est clair que, même si depuis le début les minutes nous sont comptées, l’étirement prolongé des battements partagés du cœur fait partie des agréables encouragements à vivre. Et que je préfère passer avec elle une minute de plus au soleil que dans la tombe d’un bunker survivaliste.
Evidemment une minute en plus c’est une goutte d’eau mais quand elle fait déborder l’amour dans la grisaille, ça vaut de l’or.

vendredi 21 décembre 2012

jeudi 20 décembre 2012

La fin d'un monde




A Bucharach et ailleurs le monde tournera encore le 22 décembre mais toujours aussi cabossé. Et sur cette sphère notre vieil hexagone qui se croit encore lanterne. Et dans cet hexagone tous les bunkerisés du nombril. Notre vieux monde n’arrête pas de mourir mais crise de foi religieuse après crise de foi capitaliste, l’organisme libéral continue ses métastases dans les cerveaux. Contre toute raison la disponibilité consumériste des neurones reste toujours l’enjeu de notre société. Et les charentaises au pied des sapins vont déborder de tous ces jouets (90% des étals) et toute cette technologie fabriqués par les petites mains des fourmis esclavagées en Chine, en Inde ou au Bangladesh. Ces derniers pays dans lesquels dans quelques mois on renverra nos déchets que trieront des enfants ignorant leur toxicité. D’aucuns qui minuitament vont messer devant un petit jésus à 2 papas Joseph et Dieu et une maman fécondée in cielo et défiler quand même bientôt à Paris contre… me diront que la charité bien ordonnée…
Et ça tombe bien car effectivement si la misère crèche sous tous les cieux, il est bon, au moment du grand gavage, de rappeler que 8,6 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Que 3 millions sont sans emploi et 3 autres en travail précaire dont ¼ de jeunes. Que 4 millions sont mal logés dont 700000 privés de logement personnel. 580000 foyers voient leur électricité rationnée ou coupée.
Alors c’est plutôt la fin de ce monde de la misère et de la précarité qu’on aimerait entrevoir. La fin de ce monde de l’individualisme et de l’égoïsme. La fin de ce monde du jetable et du gaspillage. On aimerait, sans espérer l’égalitarisme, que se rééquilibre réellement la balance entre « gros et petits », entre travail et rente. On aimerait la fin de ce monde où l’économie et la finance s’imposent au politique ou inversement où les politiques abdiquent devant la finance et le libéralisme. Ou devant des bouffis qui mordent la main qui les a nourris.
On aimerait aussi voir la fin d’un monde de soumis, de silencieux et fatalistes. Et surtout la fin d’un monde de geignards à la goule pleine, de frileux au bas de laine gonflé, et tous ces angoissés de la mort en bonne santé.





mercredi 19 décembre 2012

Le chat/ Petite suite en griffes/ Bob Dylan





Pratiquant donc l’égratignure in petto et griffonnant avec bel entrain terre et cahier je me sens mal venu de reprocher à mon chat ses affûtages. Pourtant il m’est impossible de lui concéder le dos des disques méticuleusement rangés dans le bas de la bibliothèque.
Je tiens à ces vinyles comme à la prunelle de mes yeux. Et c’est à peine une image si on observe cette galette noire percée au centre d’une pupille permettant de poser la sphère sur la platine.
Je confesse avoir soustrait mes premiers 45 tours sous le pull ou le manteau, des trucs yé-yé et pour boum. Mon premier 33 faisait 25cm de diamètre. Brassens y chante La mauvaise réputation .Sur la pochette de mon second, un 30 cm, Bob Dylan arpente Greenwich village au bras de Suze Rotolo. J’ignore si elle est la Girl from the north country?
Tous les craquements de ma jeunesse dans le levain de ces sillons. Alors j’enrage quand subitement, comme dans un accès de folie douce, le chat se renversant sur le côté tente de la rayer d’un coup de patte.
A moins que ce matou très post seventies et Cat Stevens, ne soit secrètement sensible qu’aux sets électros de David Guetta ou technos de Laurent Garnier et veuille à coups de griffes remixer mes belles années.

lundi 17 décembre 2012

Aéroporc Notre-Dame-des-Landes





Alors qu’on apprend que Jacques Auxiette président du conseil général des Pays de Loire et néanmoins président du Syndicat mixte aéroportuaire qui pilote le projet Notre-Dame-des-Landes ouvre un appel public à concurrence pour faire du lobbying de défense de son projet sur les réseaux et dans la presse avec une enveloppe ouverte jusqu’à 190000 euros, voilà que le président de Fleury-Michon voit rouge, un vrai coup de sang et dénonce le projet. De la part d’un entrepreneur dynamique un vrai tour de cochon quand on sait que l’essentiel de la justification de la construction du nouvel aéroport est le développement économique. Deux personnalités qui ne sont pas près de garder les pourceaux ensemble. Et pour ajouter au temps de cochon et remettre deux sous dans le goret, le directeur général du même groupe lâchant C’est un projet d’un autre temps. Un véritable abattage ! Est-il faire tête de cochon que remarquer, au passage, qu’il parait surprenant qu’il faille, malgré les belles certitudes réitérées, devoir recourir à du lobbying pour tenter de faire avaler le projet et choquant d’utiliser ainsi l’argent public, donc des cochons de payeurs que nous sommes tous.

PS: Devant le tollé suscité par cette démarche, le 21 décembre
Le syndicat mixte aéroportuaire a fait connaître dans un courrier adressé aux collectivités qui le financent sa décision d'arrêter l'appel d'offres qu'il avait lancé la semaine dernière pour du lobbying sur les réseaux sociaux, et à destination des médias en faveur du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

dimanche 16 décembre 2012

Défense de tuer





A peine notre pachydermique exilé à Néchin, voilà qu’une nouvelle affaire éléphantesque défraye les unes. A Lyon, oui, cette fois dont on connaît le bouillant navigateur. Cette fois notre franc-tireur Collomb, n’affronte pas les autres mâles dominants du PS. Il vise deux pauvres éléphantes, Baby et Népal confiés au parc de la Tête d’or en 1999 par Pinder. Sous prétexte qu’elles seraient apparemment porteuses de la tuberculose, il a décrété leur euthanasie pour le 20 décembre. Arguant qu’il existe des antibiotiques adaptés et que la transmission de la maladie à l’homme n’a jamais été prouvée (d’ailleurs leur soigneur ne semble pas devenu tubard), Gilbert Edelstein le patron du cirque vient d’écrire, en désespoir, à François Hollande pour lui demander d’accorder sa grâce présidentielle aux deux pauvres femelles. Empêtré dans Fleurange et dans les querelles des mastodontes du parti, voilà que notre président risque maintenant de se mettre, en plus, Bardot à dos. Alors que Badinter risque de remonter lui aussi au cornac. A moins qu’il ait au moins la sagesse de repousser la peine capitale au-delà du délai fixé pour l’exécution.
Avec un peu de chance, mayas entendus, peut-être que le vaste tsunami promis le 21 décembre viendra balayer tous les réducteurs de trompes et empêcheurs de barrir en paix, laissant monter dans un nouvel arche de Noé à destination de Bucharach nos deux grosses bêtes sans défense.

samedi 15 décembre 2012





C'est un temps que les moins de vingt ans... C'était au temps où quatre justaucorps faisaient les Jacques, les frères Jacques sur les scènes de France. Mimes et comédiens, ils ont interprété les plus grands auteurs: Prévert, Vian, Brassens, Ferré...Ils étaient quatre. Georges Bellec vient à son tour ,ce 12 décembre, de quitter "La Marie Joseph", laissant seul à bord Paul Tourenne.

vendredi 14 décembre 2012








Après les cris,la musique.Dave Brubeck grand pianiste de jazz et courageux défenseur des droits civiques des noirs américains" est mort ce 5 décembre 2012.On a tous aussi dans l'oreille avec Take five, composition de son saxophoniste Paul Desmond, son Blue rondo à la turk. En prime la merveilleuse pochette du vinyle.

jeudi 13 décembre 2012

Permettez-moi de hurler !





Et voilà ce matin qu’on apprend que notre enflure d’exilé fiscal met en vente son modeste pied à terre, un hôtel particulier en plein cœur de Saint-Germain-des-prés pour une bouchée de 50 millions d’euros. Une bicoque de 1800 m2.
Alors permettez-moi de penser à ma fille qui bosse depuis 5 ans à Paname. Qui après trois ans de colocation doit se contenter d’un carré mité d’humidité au point de devoir garder toutes ses fringues sous housse, de 12m2 pour 650 euros par mois soit 40% de son salaire…Un endroit si chic et attirant qu’il y a deux week-ends des encore plus miteux ont fracturé sa porte pour lui taxer son seul signe extérieur de richesse, son PC.
Oui, j’entends : elle pourrait dormir au fond d’un carton ou dans sa voiture qu’elle n’a pas…
Oui, mais je continue à penser qu’il y a bien les gros et les petits comme on disait à la maison. Et, en l’occurrence ce petit c’est ma petite, alors permettez-moi de hurler !


mercredi 12 décembre 2012

Au bout de la pellicule.





Parlant des riches, à la maison on disait les gros. Il y avait nous les petits et les gros. Pas de demi-portion alors. Pas de mitan. La classe moyenne naîtrait avec la montée en crans de certains petits. Les gros s’engraissant toujours un peu plus. Bien sûr on était dans le symbole. Certains secs avaient du biscuit. Mais j’ai pu vérifier qu’effectivement les nantis portaient souvent bel embonpoint et bretelles quand les obscurs serraient au premier trou leur ceinture.
Gérard Depardieu, si j’ose dire, cumule, en plus du bide il a du coffre. Il a tout de mon stéréotype familial. Mammuth au ciné, ogre en affaires. Quand il ne joue pas le manneken piss des airs il remplit les bouteilles de ses multiples domaines. Qu’il vide avec allégresse dès qu’il lui faut prendre son scooter. Aussi à l’aise dans le taux d’alcoolémie que dans le taux de rendement.
Et voilà que notre monstre sacré, jadis légiond’honneurisé par Mitterrand, barde récent de Sarko, fervent Poutinien, allumeur de bougies au 36e anniversaire du Tchétchène Kadyrov, pousseur de notes avec l’aînée de l’ouzbek Karimov, autant de joyeux drilles vient de s’amouracher de la monarchie Belge. Il est comme ça notre dodu, il a un sens de l’orientation un peu aléatoire et une bouffissure maladive.
Là remarquons que notre valseur ne s’éloigne que de quelques pintes de la frontière française. Certains y verront écume de nostalgie, d’autres provocation avec majeur bien tendu.
Quel charme notre adipeux trouve t-il subitement à ce petit cru wallon ? D’aucuns jaloux disent qu’il y vient enterrer en plus de quelques bouteilles quelques marmites de statères. Lui, pas terre à terre pour un sou, parle de petit paradis bucolique. Par ces temps de gueux et d’insécurité chacun évidemment pense à ses lendemains et peut être tenté de mettre quelques noisettes de côté. Et ce n’est pas, parce qu’à chaque tour de manivelle, on empoche quelques 3164 RSA, qu’on n’est pas amené à réfléchir à un éventuel retournement de fortune, surtout grande.
Entre gentleman et voyou, lettré et beauf, entre Jean-Claude et Jean de Florette, entre ostrogoth et Cyrano notre Gégé n’a jamais su trouver son rôle. Comme si son énorme dévoration de la vie ne pouvait combler une béance d’enfance. Boulimique d’amour et de flouze comme pour conjurer une incommensurable peur du manque.
Fuyant peut-être le fisc mais surtout haïssant le personnage qu’il est devenu , c’est plutôt lui qu’il fuit. Brisant définitivement cette image qu’il ne peut plus encadrer. Après avoir suicidé son corps c’est comme s’il voulait suicider son âme. Il est au bout de la pellicule.












dimanche 9 décembre 2012

Les petits pois ( Dans le jardin de mon père )




Un jour j’ai su qu’on pouvait, plus encore, que dans la lumière blessée d’une cour, se sentir arraché des siens, dans l’égouttement d’un silence de réfectoire, le nez forcé dans des petits pois de pension. Un jour j’ai su que le bonheur pouvait tenir dans un sac de billes vertes et que petits pois qui roulent pouvaient amasser mousse.
Ces petits grains ridés Téléphone dont il entortillait les rames et ces grains rond Serpette cent pour un avec leurs gousses en croissant de lune dont, en juin, on tranchait le pédoncule entre pouce et index. Qu’on fendait alors sur un saladier, répandant dizaine de mirettes vernissées et riantes.
Un jour j’ai su qu’on pouvait perdre l’enfance en gâchant le goût de ces petits pois frais qui sucraient mes printemps. Ces petits grains concentrant la richesse de l’instant comme dans ce haïku de Ozaki Hôan :
Loin de moi
La critique des autres
J’écosse des petits pois.

vendredi 7 décembre 2012

Le chat / Démarrage de bon poil






C’est comme s’il guettait mon réveil, mais sans impatience. Mon émergence, enfin, par la caféine. A peine le premier cran de ma verticalisation, faïence en main, le voilà retombé sur ses pattes. Prêt à lacérer le premier bois venu. Chaises, bûches de la cheminée ou troncs des fruitiers, il n’est pas regardant sur l’objet ni l’essence, pourvu que la victime lui offre une certaine résistance. Ce qui l’éloigne à priori de mes chevilles et mollets. Mais je peux aussi attribuer cet écart à une certaine réserve affective. Tout ça me parait s’inscrire dans l’ordre des choses naturelles. Tout deux mammifère et carnivore, évitons de juger nos petites manies et revisiter la longue chaîne de nos comportements. Et puis, à cette heure, préventivement à l’inévitable côtoiement à venir des finasseurs, des jouteurs d’opinions à deux thunes et autres médiocres assassins de toute rêverie, me faire in petto les griffes sur tous les enfumeurs et nuisibles qui occupent ma bande FM libère les quelques bouffées d’adrénaline facilitant un démarrage de bon poil.


jeudi 6 décembre 2012

Le Coppé et la Marine






Maître Coppé sur son parti perché
Savourait pain au chocolat
Blonde Marine par la pâte alléchée
Approcha ainsi l’avocat
Hé ! Bonjour Monsieur du Coppé
Que vous êtes joli, semblez décomplexé
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage
Vous êtes le Phénix de toute l’assemblée.
A ces mots le Coppé est tout émoustillé
Et pour montrer son bel organe
Desserre ses longues dents, laisse tomber sa manne.
La Marine s’en saisit et dit : « mon beau Coppé
Apprenez que tout fausset
Vit aux dépens de mon électorat
Cette leçon vaut bien un pain au chocolat. »
Le Coppé honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus.






mardi 4 décembre 2012

Mon chat et les yeux d'Amélie





A cette heure autrefois du laitier, forcément le chat arrondit ses pupilles. Deux pleines lunes noires mangent l’iris. Semblables aux billes d’Amélie Poulain à la sortie d’un photomaton. Heure d’hiver ou pas, la nuit se dilate encore et il me fait les gros yeux, encore que le pliement de ses paupières à la moindre caresse de mes mots à son endroit, corrige cette prime impression. Visiblement il m’écoute et savoure ma langue de chat, miaulement apprise à la longue de nos voisinages sur ondes courtes. Quel nombre de mes mots possède-t-il ? Combien de ses idiomes ai-je moi-même acquis ? Sans compter notre langage de signes, de mes caresses à ses frottements en passant par ses ronronnements. Voilà le genre de questions qui certains matins me plongent dans le marc de café au point d’embrumer les prévisions chantantes ou cadencées des Jacques Kessler ou Joël Collado. C’est là, que sur le départ, le jour enfin éclairci, je peux compter sur le bulletin météo de mon félin. Lire, dans l’étrécissement à l’épaisseur du trait ou le grossissement à rondeur de calot de sa pupille, la couleur de ma journée.

dimanche 2 décembre 2012





Les surréalistes ont théorisé sur le hasard objectif .Je n’ai jamais su qu’en définitivement penser. Mais je relève toujours avec bonheur ce que j’appellerai les enchaînements poétiques des événements. Ainsi, alors que je prenais hier midi le petit chemin ferroviaire des feuilles mortes, voilà qu’au soir lisant le délicieux Le vol du pigeon voyageur, Christian Garcin m’offrait cette belle boucle :
Ce remords s’évapora dès qu’il entra dans le bar de l’hôtel et vit une petite rouquine dodue s’avancer vers lui en tendant la main. Son visage un peu raide respirait la franchise et l’honnêteté, et Eugenio se trompait rarement sur les visages. Elle avait la peau très blanche et tachetée de son, les cheveux couleur rouille coupés court, et un regard bleu cobalt, ciel foncé sur feuilles mortes, une délicate palette automnale autour du frémissement un peu myope de ses paupières, à peine ombrées…


samedi 1 décembre 2012

Tacadam, tacadam





Tacadam, tacadam, on avait les grévistes et les désespérés, les forceurs de passage à niveau, les ferreurs de caténaires et les dépeceurs de câbles. Tout un petit monde décidé à mettre des escarbilles dans les boggies et bloquer le doux défilement du paysage. Tacadam, tacadam, simplement peut-être autant de réfractaires aux aiguillages huilés de nos sociétés. Des briseurs d’horloges voulant éviter aux vaches la monotonie de leurs ruminations ferroviaires. Des acharnés du droit à la paresse ligués contre l’arrivée des trains à l’heure.
Et voilà tacadam, tacadam, après les flocons de neige, les tourbillons du vent qui poussent sur le ballast les feuilles mortes. Savonnant à nouveau la belle régularité du système ferré et laissant nos locos sans voies. Occasion pendant cet arrêt inopiné de revenir à Prévert :

En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré…


Et :
! Je voudrais tant que tu te souviennes,
Oh, je voudrais tant que tu te souviennes,
Des jours heureux quand nous étions amis,
Dans ce temps là, la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Tu vois je n'ai pas oublié.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi,
Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais…