mercredi 29 septembre 2010

Nous deux

Vous souveniez-vous du début de cette magnifique chanson?


Nous deux

Paroles: Jean-Roger Caussimon. Musique: Léo Ferré 1960

Ils sont partis sans crier gare
Avec leurs mômes et leurs guitares
Nos frères gitans de Saint-Ouen.
Elles sont parties, à tire-d'aile
Et sans retour, les hirondelles
Paris n'en avait plus besoin.
Flots de béton et de bêtise
Faut des drugstores et du strip-tease
Des buildings et des souterrains
Et de Boulogne et de Vincennes
Et des quais fleuris de la Seine
Bientôt, il ne restera rien.

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Malgré les planches et puis la terre
On s'blottira comme on sait l'faire
Nous deux !
Malgré la terre et puis les planches
On s'câlinera, comme le dimanche
Quand on va pas au cinéma
Nous deux !
Et qu'après, on s'retrouve en rêve
Fascinés comme Adam et Eve
Et tout fiers d'avoir trouvé ça,
Nous deux !

Tu vois, c'est écrit à la une
On se dispute déjà la Lune.
Enfants de demain, innocents !
Un général sur les planètes
Vous suivra d'loin, à la lunette
Et dira : C'est rouge de sang !
À tant jongler avec la bombe
Un jour, faudra bien qu'elle tombe
C'est son but et c'est notre lot
Il faudra bien que ce jour vienne
Adieu Paris et adieu Vienne
Adieu Rome et Monte-Carlo !

Mais ce jour-là, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Que tout se glace ou que tout flambe
Ça fait rien, si l'on est ensemble
Nous deux !
Que tout flambe ou que tout se glace
Nous aurons déjà notre place
Dans la légende des amants
Nous deux !
Alors, quand sautera la planète
Si jamais sonnent les trompettes
On s'en foutra divinement
Nous deux !

Les gens vont me traiter d'artiste,
De sans-coeur, et si j'en suis triste
Je n'en serai pas étonné
Car ce coeur pitoyable et tendre
À toi seule, qui sus le prendre,
Depuis longtemps je l'ai donné.
Tout comme aujourd'hui, je te donne
Cette chanson de fin d'automne
Qui se voulait chanson d'amour.
Je ne suis ni saint, ni apôtre
Et pour penser encore aux autres
Il me reste trop peu de jours.

En attendant, ma tourterelle,
Ma fille à moi, ma toute belle
Ma frangine d'amour, ma maman,
Puisque nos âmes vagabondent
Allons faire le tour du monde
Nous deux !
Puisque vagabondent nos âmes
Embrassons-nous tout près des lames
De l'océan des mauvais jours
Nous deux !
Et puis, à nos amours fidèles
Au coeur des neiges éternelles
Allons nous perdre pour toujours
Nous deux !

lundi 27 septembre 2010

La turlutte des classes

Bien sûr nous la trouvions si ardente cette icone des soirées électorales. De la braise qu’on regrettait brûlant pour ce diable dans sa boîte, notre gesticulateur premier. Mais malgré une Zohra arrivée sans se presser et de père dissimilé sous le manteau, nous n’osions penser qu’une véritable Monica se cachait sous la robe Galliano.
Or voici que notre ex de la justice, parlementaire européenne et avocate pour ses fins de mois difficiles vient involontairement de pomper la vedette à notre Woerth et autre grand étalon de la politique Hortefeux en commettant le plus beau lapsus linguae de l’année sur canal+, confondant « inflation » et « fellation, « quand je vois certains qui demandent des taux de rentabilité à 20, 25%, avec une fellation quasi nulle… ».
Ah quand cupidon s’en fout pas, quand le cœur parle, sacré nom d’une pipe, que c’est émouvant. Voilà une égérie du barreau qui se fait fort et le dit d’assouplir la raideur de la justice. Voilà quelqu’une que les grandes pompes n’impressionnent pas. Inflation de 20,25%, fellation de 20,25cm, tout augmente aujourd’hui, alors avec en plus ce yo-yo des bourses, comment, parfois, ne pas déraper ? Une langue qui fourche c’est humain et le rire permet de desserrer les nœuds. Elle le sait Rachida et que celui qui en a rien à foutre lui jette la première sucette à l’anis comme aurait dit le grand cierge, pardon le grand Serge.

Des dieux et des Roms

Combien de camps de Roms démantelés à ce jour? La surchauffe estivale passée,les pauvres bougres ont été aussi chassés des unes médiatiques.Pourtant dans le silence général, les préfets continuent d'assurer leur quota de reconduite et destruction. Combien d'enfants absents des bancs scolaires? Là aussi abîme.Comme si, focalisés par le très court terme, aujourd'hui le mauvais coup porté à la retraite, nous étions incapables d'élargir nos regards et d'échapper à la tyrannie du spectacle immédiat. Là aussi engloutis dans la la logique du sous-vide consommable.La vitesse de l'information jetable pour nourrir le vide entretenu par cette société de l'image et de la lototomie.
En ce moment, il y a foule aux guichets de "Des dieux et des hommes",ce magnifique film sur la fraternité, la solidarité et l'esprit de résistance.Foule attirée par "des dieux" ou "des hommes"? justement ce film n'a rien de prosélyte pour la cause divine mais prêche avec justesse pour la conscience humaine et le retrait du vacarme des lucarnes bavardes et sourdes, pour le questionnement de ce temps délibérément déchiré pour nous éloigner de notre humanité, pour le retour à la pulsation de l'être.
Alors dieux ou Roms?

dimanche 26 septembre 2010

Vision d'un jardin extraordinaire



Monet illumine Le Grand Palais jusqu’au 24 janvier. Monet dont une des toiles a baptisé l’Impressionnisme. Voilà l’occasion de s’éblouir, de se diluer dans l’œuvre si audacieuse, en son temps, d’un immense artiste qui a éclairé nombre de courants de la peinture du XXème siècle de l’abstraction au mouvement Cobra.
Le seul sujet de la peinture c’est la peinture. C’est sur une toile la capture de la lumière et de ses multiples variations. La haute note jaune de Van Gogh. La gamme infinie, chez Monet, d’un ciel baignant un bassin de nymphéas. Avant cette immersion qui obsédera ses vingt cinq dernières années, le peintre approchera cette lumière dans les séries des meules, gares, peupliers, cathédrales de Rouen, ponts. Il remet sans cesse sur le chevalet les sujets pour n’en extraire que l’essence chromatique des instants et saisons. L’œil est dans le sujet et ne peint que sa lumière. Sept couleurs écrasées sur la palette ( blanc d’argent, jaune de cadmium, vermillon, vert émeraude, garance foncé, bleu de cobalt) pour un pinceau dansant qui nuance dans la constellation des tons la partition lumineuse des secondes.
Vingt cinq ans penché sur un coin d’onde à pêcher dans la moire ombres, reflets, miroitements, tous les ocelles d’une peau toujours neuve, les ablettes fuyantes des nappes, à crémer des pétales. Vingt cinq ans plongé dans ces noces d’eau et de ciel, à pêcher dans cet amour tendre le mystère du monde. Voilà Monet et la peinture.
Voilà Monet revenu des ciels de Normandie, des bords de Marne, de la Creuse, de Rouen, Paris, Venise, Londres dans son jardin extraordinaire de Giverny. Voilà Le peintre qui trouve son cosmos dans ce trou fleuri entrelacé de joncs et d’iris, ses fièvres d’eau et ses bouquets de lumière. Voilà Monet qui trouve dans les détails ni dieu ni diable mais l’homme dans sa joie de la vision.

mercredi 22 septembre 2010

Veille d'automne


Eté claque, coup de feu, be-bop coq, été crie, bleu d’acier, perce l’ouïe, ébleuit. Eté prend par la peau. Automne par l’âme, la colophane sur l’archet, chute amortie de pomme. Goût fruité, cool bonhomme, bleu d’azur. Automne rôtit à feu doux. Les saisons passent par le tympan. Eté tout est dit cru en trois lettres. Palindrome langue piercée. Automne en sept, nombre parfait entre lundi et dimanche, entre temps et éternité.
Notre place au soleil va rétrécir, s’agrandir notre rond de lumière. Chaque jour quelques fleurs se fripent pour grainer de l’or. Chaque jour quelques minutes perdues tombent de la peau dans le sablier du cœur. Lentement le corps ressent la matière des choses. L’œil plie avec la feuille volante. Doucement les lèvres arrivent à la lecture. L’été soufflé, l’automne arrive par la salive des mots. S’accoude à la fenêtre.

lundi 20 septembre 2010

On ajoute une peau














On ajoute une peau

Pour aller au jardin

Arrosé de bleu frais

Plonger beau matin

Un œil de peinture

Dans la chair épanouie

D’une comice à couteau

Goûter au jour nouveau

Par la ronde lumière

D’une treille chasselas

Au vert trembleur

Culs-de lampe de l’été.

vendredi 17 septembre 2010

Voix humaine


















On peut faire poème de roulotte qui cahote
Aquarelle aux bleus gouachés qui rime riche
Ame d’un violon tsigane qui chaloupe gitane
Ou noircir cercle autour du feu des langues
Romano romanichel gitan tsigane égyptien
Sanskrit romani calo arlisko romungro cant
Yenisch rom rabouin manouche bohémien
Caraque zingare nomades gens du voyage
On peut barioler un beau coucher de plume
Encre chinant traits dans la bonne aventure
Ame d’une guitare qui embobine sérénade
Ou desserrer nuit aux huit doigts de Django
Coudre nos yeux crus aux étoiles les jaunes
Graver dans l’ensablement la voix humaine.

mercredi 15 septembre 2010

Un Rom ça va...des poètes...



12000 à 15000 Roms, une goutte d’homme donc dans l’hexagone. Alors pourquoi ce débordement ? Cet acharnement ciblé ? Cette honte bue jusqu’à l’hallali ? Pourquoi eux ?
Au-delà du raisonnement primaire qui consiste à trouver la victime idéale parce que de tout temps stigmatisée et pourchassée, pour une démonstration à peu de frais d’une pseudo politique de fermeté sécuritaire, c’est l’aboutissement de la condamnation à mort paradoxalement de l’individu, du différent par le libéralisme.
Ces Roms, d’emblée ont été et souvent à tort, puisque venant de Roumanie, rangés dans « les gens du voyage ». Et c’est ce nomadisme, cette errance choisie, après avoir été subie pendant de siècles qui dérangent nos nabots politiques.
Pour ces oligarques, malgré la crise, ces désenchanteurs pourrissants, l’économique ne veut voir qu’une seule tête, qu’un seul geste multiplié, qu’une unique pensée. Que des travailleurs plus, des gagneurs plus. Que des pousseurs de caddies. Des boulonnés au boulot. Au plus dans les navettes de Pôle emploi. Il faut donc expurger de leur société tous les fauteurs de liberté, ceux qui préfèrent au taux zéro la compagnie des nuages.
Alors ceux qui voyagent dans leur tête, emmènent les autres ? Les artistes, les poètes ? Pour combien de temps sont-ils encore en libre circulation ?

lundi 13 septembre 2010

Merci pour le cinéma



La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence...l'intelligence a des limites, la bêtise n'en a pas.

Claude Chabrol

dimanche 12 septembre 2010

Chasse à Rom



Alors que face aux critiques de la commission européenne, Judas Besson avait déclaré le 10 septembre Les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité, voilà qu’on apprend l’existence d’une circulaire du ministère de l’intérieur en date du 5 août, à destination des préfets dans laquelle à plusieurs reprises, la chasse à Rom est explicitement discriminé : les préfets de zone s’assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d’une opération importante par semaine ( évacuation, démantèlement, reconduite), concernant prioritairement les Roms. Nulle surprise malheureusement, l’acharnement estival contre cette communauté soulignant fatalement un ciblage particulier et réfléchi.
Mais cette mise à jour conforte le sentiment d’une comparaison possible avec d’autres temps où la différence pouvait s’envelopper de nuit et brouillard. Mais cette révélation jette une ombre glaçante sur le pouvoir, surlignant sa capacité de duplicité au service de ses seuls intérêts politiciens. Ces Roms n’étant que les victimes d’un hochement sécuritaire, les martyrs d’un détournement de l’opinion des combines affairistes des Woerth et consorts. Mais cette réalité confirme, si cela était encore nécessaire, la déliquescence de ce pouvoir et son progressif éloignement des valeurs de notre république. Les comportements de ces hommes de ce pouvoir entachent dangereusement la démocratie, en détruisant toute crédibilité de la parole politique .

samedi 11 septembre 2010

L'homme battu en retraite

Travaillez plus pour gagner plus/Travailler plus longtemps pour perdre moins. C’est toujours à travers le prisme de l’avoir, que nos petits gardiens du temple ordurier nous regardent. Jamais à travers celui de l’être. Pas question d’ébranler les colonnes des palais Brongniart et autres autels des boursouflures. Nous sommes asservis par des petits marquis qui nous bavent la petite cuillère en or encore dans la bouche. Ces gens-là qui voient nos vies comme des télés-réalités. Nos tripes comme des ficelles pour leurs petits business. Ces très hauts pour la France d’en très bas. Aussi proches du vécu populaire qu’un Rom du paradis sur France.

L’espérance de vie ? Mais de quelle vie parlent-ils ces assis qui n’ont jamais connu du travail que la bandante exploitation de l’autre. Qui n’utilisent leur cervelle qu’à la multiplication du code barre. Mais de quelle vie parlent-ils ces rats la gueule qui nous suicident dans leurs rouages entrepreneuriaux. C’est le travail qui doit être mis en question, son contenu, sa justification. C’est cette torture qui doit être interrogée quand la recherche de son allongement ne répond qu’à l’huilage d’un système dont la récente crise a souligné l’absurdité et l’injustice totales. La prolongation souhaitée du temps d’esclavage ne vise qu’à préserver leur butin de guerre.

Humeur gitane

Les cloches

Mon beau tzigane mon amant
Écoute les cloches qui sonnent
Nous nous aimions éperdument
Croyant n'être vus de personne

Mais nous étions bien mal cachés
Toutes les cloches à la ronde
Nous ont vus du haut des clochers
Et le disent à tout le monde

Demain Cyprien et Henri
Marie Ursule et Catherine
La boulangère et son mari
Et puis Gertrude ma cousine

Souriront quand je passerai
Je ne saurai plus où me mettre
Tu seras loin Je pleurerai
J'en mourrai peut-être

Guillaume Apollinaire



Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.

Arthur RIMBAUD

mardi 7 septembre 2010

lundi 6 septembre 2010

Adieu Patricia




Il y a maintenant un trou entre nos mots, une cassure dans nos lignes. Nous lisions ensemble, dizaine de rapportés devenus amis pour enchanter un peu les autres, vibrer nous-mêmes. Nous nous retrouvions pour nous surprendre, nous accorder.

Et dans ce frottement des cordes il y avait ta note. Plutôt bleue buveuse d’horizon clair. Ta petite note posée juste dans la vie, bien tenue dans le registre de l’éblouissement et de la gaieté.

Dans les vibrations de nos tutoiements il y avait ta belle joie d’être. Il y a maintenant un trou dans nos gorges, une voix envolée de notre fil.




mercredi 1 septembre 2010

La faiblesse tranquille

Après la commission européenne, le pape et les évêques de France, voilà le comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’Onu qui dénonce le renvoi des Roms par la France.

Voilà notre pays, de nouveau, terni par notre gesticulateur précoce. Mis aux bans. Chacun d’entre nous ainsi montré du doigt à travers l’égo barré de notre calife.

Bien sûr, notre pays ne mord pas encore la cheville des cuba, Iran, Corée ou autre paradis Birman mais référence mondiale des droits de l’homme, il se doit d’être exemplaire sur ce sujet. Chacun de ses dérapages peut, sinon, faire bouger le curseur du tolérable pour nombre d’autres nations.

Notre pays se doit donc de rechercher toujours le juste équilibre entre la sécurisation de ses citoyens et le respect de ses valeurs liberté, égalité, fraternité.

Or, il est bien évident que ce ne sont pas les quelques milliers de Roms qui squattent nos décharges qui sont à l’origine de l’éventuel sentiment d’insécurité de certains français.

Alors, nos dirigeants ont simplement plongé leur cuillère électorale dans la soupe populiste et nauséabonde de l’imaginaire collectif touillée autour de cette population. De voleurs de poules, pire d’enfants…population, par son absence de fixation, regardée, depuis toujours, avec méfiance.

Or non seulement cette politique est abjecte, car elle stigmatise les plus différents, les plus misérables, mais elle s’avèrera n’alimenter que les urnes du front national, sans apporter réponse aux vraies raisons de l’insécurité qui sont, avant tout, le chômage, le travail précaire, la pauvreté et les inégalités croissantes.

Faut-il être faible pour chercher toujours, ainsi sous le préau, un plus petit que soit à tabasser !

Faut-il être petit pour toujours, ainsi, s’abaisser aux plus vils calculs !