mercredi 12 décembre 2012
Au bout de la pellicule.
Parlant des riches, à la maison on disait les gros. Il y avait nous les petits et les gros. Pas de demi-portion alors. Pas de mitan. La classe moyenne naîtrait avec la montée en crans de certains petits. Les gros s’engraissant toujours un peu plus. Bien sûr on était dans le symbole. Certains secs avaient du biscuit. Mais j’ai pu vérifier qu’effectivement les nantis portaient souvent bel embonpoint et bretelles quand les obscurs serraient au premier trou leur ceinture.
Gérard Depardieu, si j’ose dire, cumule, en plus du bide il a du coffre. Il a tout de mon stéréotype familial. Mammuth au ciné, ogre en affaires. Quand il ne joue pas le manneken piss des airs il remplit les bouteilles de ses multiples domaines. Qu’il vide avec allégresse dès qu’il lui faut prendre son scooter. Aussi à l’aise dans le taux d’alcoolémie que dans le taux de rendement.
Et voilà que notre monstre sacré, jadis légiond’honneurisé par Mitterrand, barde récent de Sarko, fervent Poutinien, allumeur de bougies au 36e anniversaire du Tchétchène Kadyrov, pousseur de notes avec l’aînée de l’ouzbek Karimov, autant de joyeux drilles vient de s’amouracher de la monarchie Belge. Il est comme ça notre dodu, il a un sens de l’orientation un peu aléatoire et une bouffissure maladive.
Là remarquons que notre valseur ne s’éloigne que de quelques pintes de la frontière française. Certains y verront écume de nostalgie, d’autres provocation avec majeur bien tendu.
Quel charme notre adipeux trouve t-il subitement à ce petit cru wallon ? D’aucuns jaloux disent qu’il y vient enterrer en plus de quelques bouteilles quelques marmites de statères. Lui, pas terre à terre pour un sou, parle de petit paradis bucolique. Par ces temps de gueux et d’insécurité chacun évidemment pense à ses lendemains et peut être tenté de mettre quelques noisettes de côté. Et ce n’est pas, parce qu’à chaque tour de manivelle, on empoche quelques 3164 RSA, qu’on n’est pas amené à réfléchir à un éventuel retournement de fortune, surtout grande.
Entre gentleman et voyou, lettré et beauf, entre Jean-Claude et Jean de Florette, entre ostrogoth et Cyrano notre Gégé n’a jamais su trouver son rôle. Comme si son énorme dévoration de la vie ne pouvait combler une béance d’enfance. Boulimique d’amour et de flouze comme pour conjurer une incommensurable peur du manque.
Fuyant peut-être le fisc mais surtout haïssant le personnage qu’il est devenu , c’est plutôt lui qu’il fuit. Brisant définitivement cette image qu’il ne peut plus encadrer. Après avoir suicidé son corps c’est comme s’il voulait suicider son âme. Il est au bout de la pellicule.
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