mercredi 7 mars 2012

Même pas mort



Chaque nuit tournée a beau additionner un jour entre lui et moi. Entre l’ombre malingre et cet autre qui habite les poèmes. Chaque matin il me rattrape. Ce perdu de dix ans racorni dans l’angle glacial d’un préau. Cette proie effrayée qui au premier jeudi a vu ses agates et figurines de plomb écrasées sous la semelle noire. Sa courte enfance soleilleuse rageusement piétinée. Ce petit qui parfois encore sursaute glacé en criant : « même pas mort ».
Et c’est lui, chaque matin qui me rassure avec ses secrets cachés dans son plumier. Qui m’entraine dans l’or frais des fenêtres. Me retient par la peau de la lumière naissante. Et c’est lui aux gaités attristées qui m’apprend toujours à trouver bêtement le bonheur dans des joies de rien. Comme le goût d’un café. Cet enfant dont le lait coule encore du nez comme au printemps d’un rameau brisé.

1 commentaire:

  1. je sais un petit garçon qui a bu la même amertume dans le même préau, et je l'aime infiniment...

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