vendredi 16 mars 2012

Boutoune ou sous le couvercle


Il y a quelques mois chacun pouvait voir une vidéo montrant le corps tuméfié et mutilé d’un jeune garçon de 13 ans arrêté par l’armée syrienne puis rendu mort à ses parents. Il s’appelait Hamza al-Khabit.
Toutes les guerres sont sales. Mais quel choc que la découverte des images d’archives enfin diffusées 50 ans après les accords d’Evian. Pas étonnant que pendant des dizaines d’années, on ait choisi de convertir cette période honteuse de notre Histoire en évènements d’Algérie. Quand les Algériens la qualifiaient avec justesse de Guerre d’indépendance.
Evènements ? Pour l’étirement d’un enfer de plus de sept ans entre novembre 1954 et mars 1962 qui a tué 30000 français et environ 450000 Algériens.
Après 50 ans de mutisme, mensonges et dénis, cette guerre nous éclate en plein visage. Sous le couvercle, la puanteur de l’aveuglement colonialiste des sentiments de grandeur d’un pays, forgés dans l’asservissement d’autres hommes. Sous le couvercle, les ténèbres du terrorisme d’état et le déshonneur de la torture généralisée. Sous le couvercle, la France reconstruite sur les cendres du fascisme et les braises de la Résistance qui ceinture de barbelés un pays entier, nettoie au napalm des villages entiers. Sous le couvercle, des socialistes, Mendes-France un peu à part, maniant cyniquement l’aumône, la mitrailleuse et la guillotine. Sous le couvercle, un général De Gaulle, orgueilleux et manœuvrier, complotant pour ménager la juste revendication du peuple Algérien et les intérêts pétroliers et nucléaires de la France. Qui abandonnera au martyr des milliers de harkis. Sous le couvercle, un conflit qui a mis, un temps, la France au ban de l’Onu.
Sous le couvercle, des milliers de jeunes français embarqués dans une guerre dont la très grande majorité ignoraient toute raison. Une guerre absurde, pour la plupart, dont l’extraction paysanne n’aurait dû que les solidariser avec une paysannerie algérienne spoliée de ses terres et esclavagée. Une guerre qui a écœuré pour toujours les uns, ensauvagé les autres. Une guerre contre l’âme humaine.
Toutes les guerres sont sales. Mais quel honte, à ce moment où nos indignations sont tournées, à juste titre, vers la Syrie, que la découverte de la cruauté de notre entêtement, 50 ans avant, à vouloir, à tout prix, conserver un lambeau de notre grandeur coloniale, quand dans les mois précédents, nous avions accédé à la demande d’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Les politiques de l’époque peuvent se réjouir que n’existaient ni le Tribunal Pénal International ni la notion de crime contre l’humanité .
Sur une vidéo postée sur le site de France-Inter, à l’occasion de ce retour sur cette guerre, on peut découvrir l’histoire de Boutoune, un jeune berger de 14 ans, torturé à la sinistre gégène…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ?