mercredi 20 mai 2009

le petit mot sur la couture des lèvres


Il y a quelques mois, souvenez-vous, un manifestant brandissant, lors d’un déplacement sarkosyen à Laval, un « casse-toi pove’con » avait été poursuivi et condamné à une amende pour insulte contre le chef de l’état. Pourtant il n’avait, en l’espèce, que plagié la propre saillie présidentielle lancée, lors du salon de l’agriculture 2008, à l’égard d’un quidam qui refusait de lui serrer la pogne. Sans doute citoyen au dessus des lois, aucun juge, à l’époque, n'avait pourtant poursuivi l'élyséen.
Cette fois, c’est un prof contre lequel la justice requiert 100 euros d’amende pour être intervenu lors d’un contrôle d’identité en gare de Marseille, en criant : « Sarkosy je te vois ».
Il avait été poursuivi pour tapage injurieux diurne troublant la tranquillité d’autrui. Oui le droit a d’infinies ressources poétiques qui permettent de concocter de beaux motifs qui par addition peuvent faciliter une future condamnation. Et puis le prof avait malencontreusement expliqué son geste par un désir d’apporter, dans une situation tendue, un peu de douceur par une attitude théâtrale et humoristique. Ce qui n’a fait apparemment se tordre ni les képis ni les robes noires. Peut-être le cadre ferroviaire encore une fois…
Mais au fond, par quelle perversité apprécier pour injurieuse une telle phrase « Sarkosy je te vois » ? Est-ce que le futur Larousse 2010, dans ses pages noires, va intégrer « Sarkosy » comme insulte au même titre que pourri, vendu, sale con…Ou bien est-ce le « je te vois » qui gratouille le parquet ? Pourtant n’est-ce pas la réponse attendue par ce président 100000 volts ? Toute la démarche présidentielle de celui qui se rêve monsieur univers ne relève-t-elle pas du m’as-tu-vu ? Toute sa politique ne ressort-elle pas de l’exposition médiatique, du coup d’éclat permanent? de l’étalage bling-bling ? Toute sa personne ne guette-t-elle pas, à chaque occasion, la lumière des flashs, même dans l’éblouissement de Carla ? Toute son action ne caractérise t-elle-pas un tapage d’image troublant la tranquillité d’autrui ? Alors ce proférant : « Je te vois » devrait être, au contraire, porter aux nues, pour son cri d’apparition diurne.
En attendant la révision de ce procès et l’éventuelle canonisation du prévenu, ce qui crève les yeux, à travers cette lamentable histoire marseillaise, c’est le zèle d’une police devenant politique et d’une certaine justice bien aux ordres. C’est aussi, derrière les soupapes permises à quelques humoristes patentés type Stéphane Guillon ou Didier Porte, le fait que le citoyen lambda doit être le petit mot sur la couture des lèvres.
A suivre…

1 commentaire:

  1. Encore bien vu !!!
    Mettre le doigt la ou ça fait mal tout en retirant le plus grand bien te caractérisera toujours...
    Impossible de laisser de tels articles dormir dans un blog.Ils méritent qu'on "les voit".
    le vieux ro

    RépondreSupprimer

Un commentaire ?