samedi 16 mai 2009

la nuit des musées



Le 18 juillet 1936, en Espagne, le général Franco, avec une poignée de putschistes, renverse le gouvernement républicain du frente popular, plongeant le pays, avec l'appui de l'armée allemande, dans une terrible guerre civile. Le 27 avril 1937, le jour du marché, Guernica, en terre Basque, est bombardée, notamment par les junkers allemands. Le 28 avril Guernica et toute sa région alentour agonisent, 1660 morts, 890 blessés.
Picasso dans son atelier parisien découvre les photos du massacre à la une de tous les journaux. Le 1er mai, il tend une toile de six mètres et entame le plus grand tableau tragique du XXème siècle qu’il finira le 4 juin. On peut le voir aujourd’hui au musée de Madrid.

On peut aussi passer la nuit des musées à l’hôtel Salé, dans le marais à Paris où éclatent nombre d’autres chefs-d’œuvre de ce révolutionnaire de la peinture. Ceux qui ont eu la chance de voir la récente rétrospective Picasso et ses maîtres, ont pu justement mesurer son extraordinaire capacité à questionner et à métamorphoser les œuvres des peintres qu’ils admiraient, à les bouleverser pour les inscrire dans sa propre chair picturale.

La formule qu’on lui prête je ne cherche pas je trouve pourrait servir de sésame à cette soirée des musées. Car sans rien chercher, dans la contemplation d’une toile, figurative ou abstraite, nous sommes certains de trouver le chemin d’une émotion esthétique. Parce que l’art s’adresse directement à nos sens, qu’il nait de la sensibilité d’un artiste, il ne peut que nous toucher, éveiller nos regards intérieurs, modifier nos relations à l’écume de nos quotidiens. Il est impossible de consommer une toile. Il est impensable de la voir comme un objet. Elle garde la force d’un mystère, la présence d’une âme. Un musée expose des cadres turbulents, des œuvres de chair et de sang. Nous y découvrons le génie des hommes et la magie de la vie quand on en brise l’écran.
En 1963, Picasso disait : « La peinture est plus forte que moi, elle me fait faire ce qu’elle veut ». Alors, entrons, ce 16 mai, soixante douze ans après Guernica, dans la nuit des musées pour en ressortir plein de lumière.

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