samedi 10 mars 2012

Remuer le passé

Enfance de marguerite ou d’aubépine. De placard ou de cabane. Mythologie des enfances. Enfance de fleur de pissenlit beurrée sur le nez ou soufflée dans le Larousse. Faut pas remuer le passé me dit-on. Ou plutôt quand il égratigne. On a fait ce qu’on a pu ils me disaient. On croyait bien faire. Ne pas remuer la chair. Ne pas secouer les morts. Mais c’est quoi le matin sinon remuer la terre. Faire du neuf avec des racines et des rhizomes. Un bon vieux soleil et une bonne vieille lune.
Sûrement le printemps boute. Je vais bientôt revenir à mes carrés. Mes autres pages blanches. Enfouir et fondre le compost épandu sur la motte. Remuer le jardin. M’inscrire alors dans les gestes de mon père. Enfance de fraicheur d’arrosoir et de complicité silencieuse. Enfance de graines trillées. De douceurs, plus tard, retrouvées et retournées tristement dans les poches des blouses. Semis des mots au long du cordeau ombilical. Chaque matin faut remuer du présent. Enfance-toi bien ça dans la binette.

2 commentaires:

  1. Qu’importe que les surgeons de l’enfance aient quelques épines s’ils poussent sans contrainte. L'expérience de la main qui les cultive, même si la taille est parfois sévère, les rend moins déchirants. Encore faut-il vouloir les laisser vivre...

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  2. nous n'avons guère le choix de laisser vivre nos enfances. Avec le temps les épines se perdent dans la peau. Et on appuie sur deux mots pour les faire ressortir. Deux Meaux?

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