samedi 16 mars 2013

Mon chat et le merle




Il battait un peu d’une aile ce matin. Victime malheureuse des reflets frémissants de la véranda ou du jeu acéré de mon miauleur auquel je l’ai in extremis soustrait. J’ai beau, sur ce point, entretenir avec lui une controverse inépuisable, j’éprouve toujours la plus grande difficulté à lui enfoncer dans sa cervelle d’oiseau que notre goût commun pour la gente ailée ne répond pas aux mêmes appétits. Ainsi, l’hiver, lui faire admettre que les nichoirs dont régulièrement tombent des graines ne sont pas, en réalité, de machiavéliques pièges au pied desquels il suffit de faire le mort pour vivre de ses griffes.

Il battait un peu de l’aile ce matin ce merle charbonneux dont l’œil cerclé du même orange que le bec me fixait méchamment, bien que tremblant de toutes ses plumes de la tête à la queue. Lui qui d’habitude sautille dans le vert, siffle ou flûte dans le noir du feuillage, au creux de mes mains, une boule de peur visiblement dans le sifflet, criaillait plutôt dans un aigu plaintif. Sorte de petits coups d’épingle inharmonieux. Quand je l’ai relancé dans les airs, j’ai croisé la prunelle incrédule et dépitée du chat.
J’attends qu’au temps de mes rouges cerises, devant mes claquements de mains, il vienne moqueur me rappeler un élargissement quelque peu léger.





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