vendredi 16 novembre 2012

Peau de colle






On sait que la recherche est d’abord une affaire d’intuition. En bref qu’un bon chercheur doit avoir du nez. Alors on perçoit mieux ce qui a pu conduire certains universitaires de Tours à sonder les fosses de 18 patients hospitalisés pour sévère dépression. A qui on a fait renifler huit odeurs différentes, qualifiées d’alléchantes ou désagréables. Parfois leur mélange. Le résultat de ce pifomètre indique que face au ressenti de 54 volontaires en bonne santé, l’olfaction des malades testés se révèle relativement altérée. Ainsi on suppute suspect le fait qu’ils rangent dans les odeurs déplaisantes la vanille, la cannelle ou l’amande amère. D’autant que les mêmes bouchés, après six mois d’antidépresseurs, persistent à ne pas humer comme le commun des narines.
Mais alors qu’en conclure ? Que tous les déprimés n’ont dans le cerveau qu’un petit pois de senteur ? Que tous les infirmes du pif sont des dépressifs en puissance ?
Ne serait-ce pas, pour ces chercheurs, à l’instar de beaucoup de manipulateurs de rats qu’une façon de montrer le bout de leur nez ?
Par essence la dépression est d’abord une perte sévère d’appétence aux choses de la vie. Tous les sens sont mis sous l’éteignoir. Mais quand le malade revient de sa douloureuse traversée, il reprend parfaitement goût à ce qui fait le sel ou l’odeur du bonheur.
Allons, une de ces chercheuses de truffe admet, quand même, qu’une odeur semble surnager et redevenir plaisante aux tarins antidépréssés : celle du petit pot de colle utilisé en classe qui sentait légèrement l’amande amère.
Ah ! Le petit pot de colle blanche qu’on sniffait à partir de la maternelle à base d’amidon de pomme de terre avec sa petite spatule qui permettait de réaliser les beaux collages des premiers cahiers.
Tout le parfum de l’enfance dans lequel tout bon psy (chiatre ou thérapeute) vous replonge au premier blues.
Cette enfance vraie peau de colle.


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