lundi 14 mai 2012

Mississipi



Mal parti ou mal arrivé, on a le cœur qui cloche entre ciel et terre. Alors on pose sur la platine les bleus de Billie Holiday. Et toute la limaille du matin s’aimante à cette mélancolie qui traîne entre deux piqures de soleil. Parce qu’un jour on est tombé dans ce grand sac de coton d’où sortait le blues, on sait qu’on peut se soigner aux pépins d’une voix qui barbouille l’âme.
Me voilà chantant le blues mais comment évoquer autrement le livre magnifique d’Hilairy Jordan que je viens de terminer : « Mississipi ». Un chant du sud rauque et envoûtant, sous la couverture nicotinée. Quand je pense à la ferme, je pense à la boue. Elle bordait les ongles de mon mari et encroûtait les genoux et les cheveux des enfants ; s’accrochait à mes pieds avec le même bruit de succion qu’un nourrisson affamé au sein ; Avec elle impossible d’avoir le dessus. Elle recouvrait tout. Je rêvais en marron…

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