mercredi 11 mars 2009

En attendant le grand soir poétique!

Dans L’hiver 1976, voilà ce qu’écrivait dans "Vers le matin des cerises" le grand poète André Laude, récemment disparu :

Une haine folle ravageuse de plus en plus souvent m’inonde
une haine vigoureuse comme une marée
une haine plus haute que les tours des architectes modernes
une haine pour tous ceux qui à coups de haine détruisent
le temps et la face de l’homme.

…une haine comme un fleuve qui un jour
entrera dans la ville
où les hommes danseront pour la neuve liberté
et plantera enfin un chêne clair dans le sol fertile.

En cet hiver 2009, Certains jeunes, pour survivre, s’invitent aux buffets des vernissages, vendent leurs petites culottes sur internet. On parle de combines pour temps de crise, presque avec le sourire...
Aux Etats-Unis, on a constaté une augmentation de 30% des dons de sperme…
Mais derrière, qui va fouiller dans le don d’organes, dans la prostitution des jeunes ?

Il y a quelques semaines un jeune diplômé sans emploi, après cinq mois de recherche, vingt entretiens et « 300 candidatures » s’était mis lui-même aux enchères sur eBay. Il y a quelques jours un senior ex directeur financier au chômage proposait à un éventuel futur employeur un « bon de réduction » de 50000 euros sur son embauche (500 euros par mois sur environ dix ans). Ce sont, bien sûr, des cas isolés médiatisés, mais qui mettent en confrontation la violence de la société et la dignité humaine, car ces actes ne risquent-ils pas d’appeler à la surenchère? Verra-on demain dans les locaux d’un pôle emploi, un jeune menacer de s’immoler?
Un récent reportage télévisé montrait l’organisation de marchés sauvages dans la capitale où des pauvres proposent à des plus pauvres pour quelques euros des produits alimentaires périmés, venant des de la grande distribution.

En attendant le large fleuve nettoyant les écuries financières et le grand soir poétique, récemment appelé par les écrivains ultramarins, Patrick Chamoiseau ou Edouard Glissant, reprenons un peu de Jean L’Anselme qui dans son « Discours sur la poésie », à propos de l’utilité de la poésie écrivait : « Si on me demande si la poésie est utile, je réponds que Baudelaire me fait sourire quand il affirme qu’il peut se passer de manger pendant plusieurs jours, mais qu’il ne pourrait pas vivre sans un jour de poésie. Je pense, moi, qu’entre un bol de riz et un livre de poèmes, il faut d’abord dévorer le bol de riz mais, qu’à partir de ce moment, le livre de poésie a alors, autant d’importance que le bol de riz. »

1 commentaire:

  1. Bravo Jean-Pierre,et merci pour ton blog,sobre,limpide,agréable et aisé à consulter. Et puis,le choix de GUILLEVIC en en-tête... Tout pour me plaire! J'aime tes saines colères et tes justes indignations.
    Antoine T.

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