Le 26 mars 2009, un salarié de l’usine de porcelaine Deshoulières à Chauvigny s’est donné la mort, laissant une lettre expliquant sa décision par la trop grande pression professionnelle qu’il subissait. Ce salarié était délégué syndical et son geste intervient après un plan social très dur et des mois de lutte qui n’ont permis de sauver qu’une dizaine d’emplois sur les 82 licenciements programmés.
Pour ce cas qui émerge dans les médias, combien de suicides relatifs au travail sont simplement étouffés ou transformés en suicides pour des raisons privées. En effet, la plupart des désespérés ne se suppriment pas sur leur lieu de travail et ne laissent pas d’explications à leur acte.
Pourtant les suicidés du travail son nombreux, les statistiques parlent de un par jour, dans tous les métiers et niveaux d’emploi. Depuis des années, le monde du travail, à l’heure libérale est mis en accusation. Les entreprises contraignent leurs salariés à une course folle à la productivité et à la rentabilité. Le patronat dans un délire de compétitivité et de rémunération des actionnaires pilote ses troupes dans un climat permanent de guerre économique. Alors les salariés individualisés dans leur rémunérations, isolés dans la réalisation de leurs objectifs subissent une pression croissante qui les mènent à un stress de plus en plus déstabilisant et à une fragilisation dangereuse. Tous ne se suicident pas mais combien sont malades, connaissent de graves dépressions, se droguent ou prennent des tranquillisants.
Et ce n’est pas le terrible moment que nous vivons avec ses faillites et restructurations qui va améliorer ces conditions impitoyables avec leurs tristes conséquences sur la santé des salariés. Certaines études tendent à établir qu’une augmentation de 1% du chômage entraine une hausse de 4 à 5% des suicides.
Alors se pose de nouveau la question du travail et de son contenu. La crise en cours doit être l’occasion de revenir à l’esprit de ce slogan de mai 68 : « ne pas perdre sa vie à la gagner » Bien sûr sa lecture au premier degré éclaire très crûment le suicide au travail. Mais il s’agissait à l’époque de poser la question du sens du travail. Avec le temps, le travailleur est devenu ressource humaine, exploité avec la même férocité que les ressources naturelles. La personne a disparu des entreprises remplacée par un individu à la recherche de la maximation de son intérêt personnel. Avec le temps la valeur collective du travail a disparu. Avec le temps la société est rentrée dans la seule logique de la consommation pour la consommation, inventant au passage les besoins qui font chauffer la machine capitaliste et enferment les salariés dans le « travailler plus », toujours avec plus de pression pour en réalité perdre plus.
Cette crise doit être l’occasion de remettre en cause cet esclavage moderne. Le travail doit retrouver son esprit d’intégration dans le tissu social et de réalisation. L’entreprise doit redevenir un lieu de respect des personnes et de recherche des meilleures conditions de travail. Le « travailler plus » conduisant à la marchandisation des hommes comme de tous les biens doit devenir un « travailler tous » en réduisant fortement le temps de travail pour retrouver le temps de gagner sa vie dans l’épanouissement de ses propres passions, le temps de ses suppléments d’âme.
Cette crise doit être l’occasion d’une réappropriation collective du sens du travail et donc du sens de notre société.
Pour ce cas qui émerge dans les médias, combien de suicides relatifs au travail sont simplement étouffés ou transformés en suicides pour des raisons privées. En effet, la plupart des désespérés ne se suppriment pas sur leur lieu de travail et ne laissent pas d’explications à leur acte.
Pourtant les suicidés du travail son nombreux, les statistiques parlent de un par jour, dans tous les métiers et niveaux d’emploi. Depuis des années, le monde du travail, à l’heure libérale est mis en accusation. Les entreprises contraignent leurs salariés à une course folle à la productivité et à la rentabilité. Le patronat dans un délire de compétitivité et de rémunération des actionnaires pilote ses troupes dans un climat permanent de guerre économique. Alors les salariés individualisés dans leur rémunérations, isolés dans la réalisation de leurs objectifs subissent une pression croissante qui les mènent à un stress de plus en plus déstabilisant et à une fragilisation dangereuse. Tous ne se suicident pas mais combien sont malades, connaissent de graves dépressions, se droguent ou prennent des tranquillisants.
Et ce n’est pas le terrible moment que nous vivons avec ses faillites et restructurations qui va améliorer ces conditions impitoyables avec leurs tristes conséquences sur la santé des salariés. Certaines études tendent à établir qu’une augmentation de 1% du chômage entraine une hausse de 4 à 5% des suicides.
Alors se pose de nouveau la question du travail et de son contenu. La crise en cours doit être l’occasion de revenir à l’esprit de ce slogan de mai 68 : « ne pas perdre sa vie à la gagner » Bien sûr sa lecture au premier degré éclaire très crûment le suicide au travail. Mais il s’agissait à l’époque de poser la question du sens du travail. Avec le temps, le travailleur est devenu ressource humaine, exploité avec la même férocité que les ressources naturelles. La personne a disparu des entreprises remplacée par un individu à la recherche de la maximation de son intérêt personnel. Avec le temps la valeur collective du travail a disparu. Avec le temps la société est rentrée dans la seule logique de la consommation pour la consommation, inventant au passage les besoins qui font chauffer la machine capitaliste et enferment les salariés dans le « travailler plus », toujours avec plus de pression pour en réalité perdre plus.
Cette crise doit être l’occasion de remettre en cause cet esclavage moderne. Le travail doit retrouver son esprit d’intégration dans le tissu social et de réalisation. L’entreprise doit redevenir un lieu de respect des personnes et de recherche des meilleures conditions de travail. Le « travailler plus » conduisant à la marchandisation des hommes comme de tous les biens doit devenir un « travailler tous » en réduisant fortement le temps de travail pour retrouver le temps de gagner sa vie dans l’épanouissement de ses propres passions, le temps de ses suppléments d’âme.
Cette crise doit être l’occasion d’une réappropriation collective du sens du travail et donc du sens de notre société.
A ce sujet, le collectif Copernic a lancé une pétition, dans le but de mettre fin à ce silence insoutenable et à cette réalité. C'est ici: http://www.fondation-copernic.org/petition/?petition=3
RépondreSupprimerEt en voilà le texte:
"Le constat est sans appel : le travail rend malade et tue tous secteurs et toutes catégories professionnelles confondues. Le nombre officiel des maladies professionnelles reconnues a explosé : 13 658 en 1996, 52979 en 2005. Le nombre d’accidents du travail graves et mortels reste très élevé : 537 décès en 2006, soit 13% de plus en un an. Ces chiffres officiels sont – on le sait – grandement sous-estimés en raison notamment d’une importante sous-déclaration. Les suicides directement liés au travail sont estimés à 400 par an, pour la plupart non reconnus comme accidents du travail. Plusieurs millions de salariés sont exposés, sans aucune protection, à des produits connus pour être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, contribuant ainsi grandement aux inégalités sociales face au cancer : un ouvrier a dix fois plus de risque de mourir du cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur.
Cette situation ne tombe pas du ciel : elle est le résultat de politiques d’entreprises, tant privées que publiques, pour lesquelles les coûts sociaux doivent être toujours plus compressés. Ces politiques ont privilégié et généralisé la sous-traitance, et intensifié le travail comme jamais depuis de nombreuses décennies. Et l’inspection du travail comme la médecine du travail n’ont toujours pas les moyens d’assurer leurs missions.
La lutte opiniâtre des victimes, de leurs associations et syndicats a permis des avancées, mais la course au profit sans entrave sème toujours la maladie et la mort.
Alors que le simple voleur de sac à main est condamné à 6 mois de prison ferme devant le moindre tribunal correctionnel en comparution immédiate, l’employeur coupable d’homicide dit involontaire à l’égard de son salarié, après des années d’instruction, est condamné - quand il est déclaré coupable - à quelques mois de prison avec sursis.
La mise en danger délibéré d’autrui par des choix de politique économique bénéficie dans ce pays d’une incroyable mansuétude. Les employeurs ne sont pas considérés comme de véritables délinquants. Trop souvent les procédures relatives à des accidents mortels du travail sont classées sans suite. Trop souvent les condamnations – lorsqu’elles interviennent - ne touchent que les employeurs en bout de chaîne de sous-traitance et sont symboliques. Les grands donneurs d’ordre y compris l’Etat, dont la responsabilité dans l’organisation du travail est pourtant essentielle, ne sont qu’exceptionnellement concernés et les indemnisations largement insuffisantes.
L’amiante est emblématique de ce que nous dénonçons : alors que le risque est connu depuis des décennies, que des milliers de personnes ont perdu leur vie et vont la perdre dans les prochaines années du fait de l’incurie manifeste des entreprises concernées, voire de leurs choix délibérés, Justice n’est toujours pas faite.
L’inégalité des armes entre le salarié et son employeur est patente et scandaleusement disproportionnée : l’égalité devant la loi est devenue une pure fiction.
Cette injustice se nourrit du silence collectif.
Les soussigné-e-s entendent dénoncer ici et maintenant cette situation inadmissible et intolérable.
Ils et elles exigent que la délinquance patronale soit enfin sanctionnée : la loi pénale doit être pleinement appliquée aux employeurs.
Ils et elles exigent que des moyens humains et financiers soient dégagés pour que la justice puisse réellement faire son travail.
Aucune amélioration de la santé et de la sécurité au travail n’est possible tant que la justice fonctionne à deux vitesses.
Aucune avancée n’est possible tant que les donneurs d’ordre pourront s’abriter derrière les règles du droit commercial pour s’exonérer de leurs responsabilités.
Tous et toutes ensemble nous disons : ça suffit ! Et nous agirons pour que cela cesse."