Fête de la musique, nuit des musées, journée des jardins… notre pays adore ces moments totems de grande communion à « l’exception culturelle Française ». Ainsi chaque année, depuis onze ans, un peu avant l’hirondelle, les poètes, du 2 au 15 mars connaissent leur printemps. Leurs livres soudain revoient la lumière d’un visage, leurs mots sentent à nouveau la chaleur d’un corps, leur musique retrouve les notes d’une âme. Des écoles aux cafés, des halles aux bureaux de poste, dans tous les lieux on effeuille passionnément leurs poèmes. Du 2 au 15 mars, on découvre que les poètes ne sont pas tous morts et que même beaucoup font de la résistance pour écrire jusqu’au printemps suivant en espérant que cette floraison printanière ne cache pas leur forêt de feuilles. Mais souvent les poètes préfèrent en rire !
Si on me demande ce qu’est un poète, dit Jean L’Anselme, je réponds :
Qu’un poète c’est quelqu’un qui ne passe jamais à la télévision parce qu’il n’est pas connu et que, s’il n’est pas connu, c’est parce qu’il ne passe jamais à la télévision.
Que c’est quelqu’un qui se lève la nuit pour un besoin d’urgence, où on a aussi besoin de papier, pour se mettre à compter ses pieds sur ses doigts et sur ces mêmes doigts…ceux qui les lisent.
En cet avant printemps Bashung est parti rejoindre son pote Gainsbourg le poète de « l’art mineur », alors à toutes le Gaby et toutes les Joséphine seules maintenant à l’arrière des limousines, je dédie cet« amour fou » de Jean L’Anselme :
« Je suis à toi comme la sardine est à l’huile
le maquereau au vin blanc, le loup au fenouil
le brochet au beurre blanc.
Je suis à toi comme la glace est à la pistache
le poulet aux hormones, la soupe à la grimace
mon père avec la bonne.
Je suis à toi comme le vinaigre est à l’estragon
la pêche à l’espadon, la salade aux lardons
les gaîtés à l’escadron.
Je suis à toi comme le moutard à sa nourrice
le motard à la police, les aristos à la lanterne
les peupliers à la poterne.
Je suis à toi comme le yaourt est à la vanille
ton sexe au parfum de glaïeul, le petit salé
aux lentilles, la mémère à son épagneul.
Je suis à toi comme tu es à moi, comme le ver
est à soie, comme l’avenir est à nous
comme le garde est à vous, comme le train
est à l’heure.
Je suis à toi
comme le tique est aux bœufs
on dit n’importe quoi
quand on est amoureux. »
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