vendredi 27 mars 2009

St Quentin, chronique de l'Aisne ordinaire



Ma dernière humeur pouvait inquiéter Alain Minc. Le grain de blues d’un poète peut agglomérer dangereusement d’autres grains d’encre et faire large tache noire sur la belle nappe des gens biens. Mais qu’il me pardonne, ce sont les mots d’un pâle activiste tout dans la langue et quelque peu aigri, lui aussi, d’entendre aujourd’hui souffrir sa fille dans un contrat précaire et de la savoir, demain, grain à moudre dans la fournée des futurs nouveaux chômeurs de mai. Mais qu’il me pardonne d’éprouver quelque colère quand j’entends parler de « génération sacrifiée ». Sacrifiée par qui ?, comment ? Mais je sens que je me laisse, de nouveau, lâchement envahir par cette écœurante rancœur…J’oubliais…l’espérance.
Mais qu’il se rassure Monsieur Minc, le Président de tous les français veille et s’est réengagé, dans son discours de St Quentin, à protéger de son clinquant bouclier fiscal tous les malheureux boucs émissaires comme lui et autres injustes victimes de la crise et des prompts moralisateurs de tout poil. Derrière le rideau de havane des quelques collusions médiatiques, de circonstance, avec les cloueurs au pilori de quelques parachutés en or, il peut ronfler tranquille. Après la crise, le capitalisme renaitra encore plus beau de ce sacrifice obligé et provisoire à la grogne, à ses yeux, populiste.
Mais qu’il se rassure Monsieur Minc, le Président de tous les français, même d’un, Yvan Colonna, qu’il suit plus affectueusement depuis longtemps, surveille et a répété à St Quentin que la liberté c’est de pouvoir vivre sans avoir peur. D’ailleurs pour mieux s’en persuader lui-même, il avait aussi invité à son grand meeting 1400 policiers, mais à l’extérieur. Donc chaque Français va pouvoir vivre sans la peur du chômage, de la précarité, de l’exploitation au travail…à moins que ce ne soit la possibilité de vivre sans la peur de se voir contester la rente acquise dans ces belles décennies libérales.
Mais qu’il se rassure Monsieur Minc, Le président de tous les français a aussi déclaré ce jour là : « Dans une démocratie comme la nôtre le recours à la violence est inacceptable »… « Désormais la seule appartenance à une bande pourra être sanctionnée pénalement d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.. » De quoi calmer tous ces excités des plans sociaux qui pourraient avoir l’idée d’occuper nos belles usines et séquestrer les entrepreneurs courageux dont la ligne bleue de l’action n’est surtout pas leur seul point de mire.
Décidemment, je dois réfléchir. Le fait d’agglomérer des grains d’encre à des grains de blues ne pourrait-il pas constituer le chef d’inculpation pour création de bande. Et une bande de poètes ça fout la trouille.
Alors pour ma fille ? Je peux poèter tranquille, le Président des français s’en occupe personnellement, il l’a dit à St Quentin. Bientôt elle va pouvoir vivre sans la peur du lendemain.

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