vendredi 4 janvier 2013

Le pouce





Que serions-nous sans le pouce ? Ce formidable organe, comme tenu à l’écart, boudé par les quatre autres phalanges. Plutôt jalousé pour sa position stratégique lui permettant de se refermer en pince. Ainsi de tenir en son pouvoir la main de l’autre comme l’outil. Le pouce avec sous sa phalangette le code-barres de nos ridules digitales. Tous les doigts dressés, seul capable de ce pied de nez salutaire traduisant, accouplé à la langue tirée, la nargue de l’enfance. Ou relevé en gâchette de transformer la main en colt dans les westerns de récré. Le pouce cette excroissance anar quand l’index se lève pour répondre ou ne prouve sa grande dextérité que dans la fouille des fosses nasales et l’extraction de ses petits-gris le temps du feu rouge.
Que serions-nous sans le pouce ? Dans le fœtus et dès frais débarqués sous l’œil inquisiteur du premier terrien sans cette douce et portable tétine toujours à portée de menottes ? Sans cet étroit coin de table pour nos déjeuners express ? Comment pourrions-nous tuer le temps et goûter la paresse sans ce moulin à tourner ? Aider notre prochain avec son petit coup donné au bon moment ?
Comment sans lui et ses 2,54cm sous la toise nos amis Anglo-Saxons mesureraient-ils leurs vêtements ou diamètre de leurs peaux de batterie ? Sans cet attachant médiator, ni Hendrix ni Clapton, comment gratter nos guitares ?
Ni cailloux blancs ni Poucet. Ni coquille de noix ni Tom Pouce.
Le pouce que dans les seventies on levait pour aller au Népal et que nos enfants baladent sur leurs mobiles pour voyager en SMS OU MMS.

4 commentaires:

  1. j'ai bien ri......tout ce que vous écrivez est bien vrai....il fallait l'écrire.

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  2. merci je suis sûr que maintenant vous regarderez votre pouce à deux fois avant de le glisser dans votre gant où là vous avez dû le remarquer il fait toujours un peu de résistance...

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  3. N'existerait pas non plus "Petite Poucette", titre du dernier essai philosophique de Michel Serres. L'historien des sciences surnomme ainsi affectueusement la jeune génération pour sa capacité à envoyer des SMS avec ses pouces. La phrase qui souligne le titre est plus explicite : "Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître…"

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    1. effectivement...lire mon poste du 2 janvier dont celui-ci est la suite et que je compléterai par des extraits d’interviews de Michel Serres demain.

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