mercredi 2 janvier 2013

"Bonne année mon cul"



Il était temps que janvier fît place à février.
Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année. Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n'est pas moi qui ai commencé.
Et qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise...
Dieu Merci, cet hiver, afin de m'épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j'ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de «Bonjour à tous», j'ai mis «Bonne année mon cul». C'est net, c'est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire
.
Bien sûr c’est du Desproges dans le texte. De 1986.Qui n’a pas pris une ride à l’exception du fait qu’il n’y a plus de Desproges aujourd’hui pour nous ramener à quelques vérités acides sinon salutaires. Et à l’exception notoire que les brassées d’imbéciles que nous sommes sont équipées maintenant (mains tenant dit Michel Serres) d’une prothèse qui leur colle aux doigts particulièrement le pouce et qui ont envoyé 1,4 milliard de SMS et MMS. Auxquels il faudra ajouter les dizaines de millions de cartes électroniques et mails. Combien, au clair de la lune, de Pierrots prendront encore la plume pour écrire par exemple : Il faut rajouter de la vie aux années et non des années à la vie ou encore reprenant Epictète : Il ne dépend pas de toi d’être riche, mais il dépend de toi d’être heureux .

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