jeudi 17 mai 2012

Dans les jardins de mon père / 9 / les outils d’une langue




Les mains dans les semis, le matin à ma table, l’après-midi au jardin, je gratte, je griffe. Je travaille le papier, je travaille la terre. D’un paragraphe à l’autre, sur mes deux cahiers j’ouvre et referme des lignes noires. Même tension des corps. Même abandon à la joie intérieure. Même souci d’éclaircissement. Qu’à la fin ce soit beau pour les yeux et bon pour l’âme. Un dévoilement lumineux qui efface la tache bien faite.
Papa paraissait toujours, dans son jardin, comme délivré. Ce que je lisais sur son visage ressemblait à de l’amour. Ce sont ces moments de bonheur simple montés en graines qui m’ont fait jardinier. Poète ? Je ne sais pas, mais cette attention à la terre, ce partage des vitalités, cet échange des forces, cette délivrance des solitudes, cet accord des harmonies m’ont peut-être donné les clefs d’un jardin intérieur et les outils d’une langue.

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