mardi 8 mai 2012
Dans le jardin de mon père / 7/ La cabane
Le ciel sur la tête nue, ma cabane tournait avec les saisons. De courants d’air l’hiver, de douceur verte l’été. Resserrée dans l’embranchement ventru du cerisier. Je m’y juchais pour lire, voyager dans la caravane des nues, souffler dans ma sarbacane en sureau. C’était mon île au fond du jardin. J’y cachais un canif et mes hétéroclites trouvailles : billes, marrons, pièces, figurines…
De mon perchoir j’apercevais la cabane de papa accotée au milieu des poiriers en espaliers. Le brun rouillé de la tôle du toit et le noir des planches goudronnées. Sa resserre aux outils avec ses étroites étagères pleines de ses trésors à lui. Dans d’anciennes boîtes de conserves, ses sachets de graines, ses clous, ses ficelles ou raphias, ses bricoles…
Le temps n’effleure pas celui qui garde cabane dans la tête. Perchée ou sur terre. Entre les planches disjointes et craquelées, dans ses 85 printemps, l’enfant souriait encore sur les lèvres de papa, devant la première percée des graines semées dans des boîtes à œufs. Maintenant que je suis descendu de mon arbre, c’est lui qui est grimpé dans sa cabane de nuages.
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