mercredi 23 mai 2012

Dans les jardins de mon père / 10 / l’arrosoir






Rue Couperin, rue Mozart, rue Rameau, rue Gounod…le lotissement des musiciens a mangé, aujourd’hui, le premier jardin de papa. Quelques tilleuls au bord du bitume plongent encore dans cette terre de mon enfance, la marqueterie d’une dizaine de jardins ouvriers cousus ensemble. Au centre de cet espace solidaire brillait l’encrier du puits commun avec son bassin de pierre accolé.
Au soleil déclinant l’étrange machinerie de pompage en fonte devenait mon royaume. Il fallait tourner sa grande roue pour que jaillisse l’eau du bec retourné. Nos deux arrosoirs en zinc, chiens assis et fidèles semblaient m’y attendre avec patience. Je les remplissais le plus possible avant des porter alternativement à papa. Leur fraîcheur mouillait mes mollets. Quelquefois il me laissait dessiner sur ses semis mes propres calligrammes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un commentaire ?