mardi 19 janvier 2010

Le poinçonneur des mots



C’est nous les déménageurs de piano
Des Steinway des Pleyel et des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique
Pour ce qui est du reste ça c’est pas nos oignons
Artistes nous on ne l’est pas pour deux ronds
Quand la musique vous a brisé les reins
Y’a pas de charleston qui tient

Pour nous prendre aux tripes
Faut se lever de bonne heure
Dire qu’il y a des types
Qui sur c’t’engin d’malheur
Arrivent à faire croire
A tous les ballots
Que la vie c’est comme au piano

D’lamour ils en font tout un cinéma
A les écouter de vrai Y’aurait que ça
Qu’est-ce qui resterait pour les déménageurs
Qu’en ont des tonnes sur le cœur
Il nous resterait qu’à nous noircir sur le zinc
Mais là encore faut se farcir le bastringue
Il se trouve toujours parmi nous un toquard
Pour y glisser ses pourboires

Pour nous les faire taire
Y’a vraiment qu’une façon
Les envoyer faire
Un p’tit tour au charbon
Sur le piano massacre
De la réalité
Ils toucheraient du doigt la purée

C’est nous les déménageurs de piano
Des Steinway des Pleyel des Gaveau
Du tintement des pourboires économiques
Nous on connaît la musique
Au fond à quoi qu’ça sert de discuter
Comme l’a dit l’autre « à chacun son métier »
Tirer sur le pianiste c’est pas not’ boulot
Nous on tire sur le piano.



Gainsbourg est à l’affiche grâce à Joann Sfar. Celui pour qui la chanson était un art mineur , pensant à sa passion manquée la peinture, restera comme l’artiste majeur de cet art populaire. Habile tailleur de mots mais surtout le plus haut couturier mélodique. Ses textes tiennent la lecture sans musique mais, sans son écrin, ne restent que des dessous chics. Ce « charleston des déménageurs de piano » est une de ses premières chansons.

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