Alors Monsieur Seguin a soufflé sa dernière gitane. Il va retrouver le fumeur de havanes et surtout sa douce bêlante des montagnes, Blanquette avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande. Son houppelande, à lui, était d’hermine, celle de président de la cour des comptes. Son caractère était bien corné. Mi chèvre mi chou, écorché qui ne s’aimait pas, ombrageux romantique, il préférait visiblement le grand air et la liberté, l’herbe savoureuse, dentelée, faite de mille plantes. Finalement inclassable, idées à gauche, fréquentations à droite, un gaulliste à ambitions sociales aussi rare aujourd’hui qu’un gaulois dans le marigot sarkosiste. Un qui refusait la longe et le troupeau bêlant qui avait vu noirci sur les murs de sa cité « Ben Seguin »pour sa politique locale en faveur des immigrés maghrébins et que devait brouter l’identité nationale, lui né à Tunis en 1943.
Alors qui l’a poussé de Tunis à Epinal, outre les circonstances de l’Histoire. On aime l’idée de la montagne, d’être du parti des chèvres libre malgré le loup, même avec le loup dans les grandes campanules bleues, les digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capitaux. Foin d’image d’Epinal, les loups ne l’ont pas mangé qui se complaisent aujourd’hui en compliments unanimes mais c’est de coutume post mortem. Sarko n’aura plus à redouter ses colères, ses rejets, ses cornes dans les comptes de la république et du palais, ses jets de fumée et sa carcasse qui faisait de l’ombre.
L’une après l’autre, les étoiles s’éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents…Une lueur pâle parut dans l’horizon …Le chant du coq monta d’une métairie…
E piei lou matin lou loup la mangé !
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