dimanche 15 novembre 2009

Sillons Sillages


Mars 1979, Giscard est aux affaires. Entre deux diamants il pianote à bretelles, s’invite à la soupe popu. Entre deux guinches il adoucit l’identité nationale, colorise d’un bleu cobalt plus clair le drapeau, abaisse d’un ton la Marseillaise, ralentit son rythme.
En mars 1979 cinq garçons dans le vent des mots s’associent autour d’un duplicateur à encre pour ancrer dans les sillons Vendéens « Soc et Foc » maison d’édition à vocation poétique.
Mars 1979, Jean François Bizot, revisitant « Actuel » dit : « Les années 80 seront actives, technologiques et gaies ».Ce sera relativement vrai pour nos mousquetaires du bocage, sélectionnant, tapant, dupliquant, agrafant, massicotant, revues et recueils trimestriels bricolés maison, tous pour un mot : Poésie.
Aujourd’hui, après, selon leur propre expression, avoir réalisé leur premier « vrai » livre en 91, nos ex barbus, vrais militants du livre, peuvent s’enorgueillir d’un catalogue de plus de cent titres associant le plus souvent un auteur et un illustrateur, réussissant une très belle création humaine et plastique.
En mars 79 Serge Gainsbourg revisitait la Marseillaise en chantant poing levé devant les paras « Aux armes et cætera », Les Pink Floyd sortait « The Wall ».
En cet automne 2009 « Soc et foc » fête ses 30 ans d’identité poétique en publiant notamment une anthologie « Sillons Sillages » autour de 59 poètes et illustrateurs.

Contact :http://www.soc-et foc.com



Vol au-dessus d’un nid de poètes



Ça bruit, ça bruisse, ça huche
Ça bombille comme ruche
Mais qui sont ces indiens
Sur le sentier des mots
Qui vont l’âme à poil
Une plume dans le cœur
Ces drôles de bipèdes
Qui affûtent leur bec
A la meule du verbe
Impriment dans la neige
Leurs pattes charbonneuses.

Ils s’échangent des visages
Des voix un peu tremblées
Des émotions qui fondent
Dans les yeux caressés
Ils se baignent au soleil
De silences sableux
Osent des tendresses
Entre deux tréteaux
Ils écoutent dans l’autre
La couleur intérieure
Qui repeint ses nuits.

Ça crie, ça cuit, ça graine
Ça fleurit à tout vent
Mais qui sont ces coucous
Dans le printemps des mots
Qui vont les doigts tachés
Un jardin dans le ventre
Ces drôles de pierrots
Qui tricotent la langue
Pour grimper aux étoiles
Sortent de leur peau
Des voyelles à tout faire.

Ils ouvrent leurs préaux
A des nids d’aquarelles
Dessinent pour l’enfance
Des endroits à l’envers
Ils s’attelent à des socs
Qui chantent la terre
Défroissent des focs
Qui ailent l’écume
Ils prennent la poésie
Pour lanterne magique
Et s’y brûlent.

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