samedi 21 novembre 2009
L'oreille en manque
« Je ne cherche pas à expliquer le monde, mais à donner envie de l’écouter…je cherche à faire entendre les silences, les bruits parallèles, toutes ces choses insignifiantes qui font la chair humaine…je cherche à créer une connivence, un état de gourmandise…le monde est sombre mais il y a beaucoup de petites lumières…je fais une radio écrite". Voilà quelques mots de Kriss, notre crumble du dimanche qui nous glissait dans l’oreille ses rencontres sensibles, de la Graffiti à la voix menthe à l’eau qui vient de se casser dans ses ronds de fumée. Voilà notre vie au coin, orpheline de ce grain mutin, de ce grain coquin qui depuis 40 ans coulait sensuellement dans notre oreille. D’un coup, nous voilà de l’âge de nos artères, nous qui avions quitté « Salut les copains » puis « campus », Europe 1 pour Inter dans les années 70 et ces voix comme Kriss dont on transportait les visages fantasmés, grâce aux transistors, aux quatre coins de mos murs. Car la force de l’onde sur l’image est bien de laisser le temps glisser sur le coquillage sans percevoir les rides en coin d’un cœur. Et dieu sait si, dans le cas de Kriss, nous avions 40 ans après, toujours l’envie de tirer ses nattes dès qu’elle ouvrait le micro. D’autant qu’elle nous offrait toujours le même étonnement amoureux et la même fraicheur jeunette devant le monde et malgré tout l’espèce humaine. Villers à la retraite,Kriss envolée, voilà autant de cailloux blancs sur nos chemins impossibles à rebrousser, voilà autant de doux grains à racasser.
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Il est vrai qu'une telle sensibilité est rare; nous savions que Kriss/Corinne ne s'en irait pas, elle s'absente simplement un peu plus longtemps que d'habitude; elle veut simplement qu'on la laisse tranquille, les étoiles l'écoutent, l'oreille en coin...
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