lundi 16 février 2009

La vie au fil des mots

« Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions ? »
C’est un très récent fait divers qui m’a conduit à cette très belle phrase de René Char : Le 11 février une internaute de Carros dans les Alpes-Maritimes, en consultant un site dédié à la poésie, Je poème.com, s’est alertée du message d’une utilisatrice exprimant son intention de mettre fin à ses jours. La gendarmerie prévenue, après identification de la personne, malgré son utilisation d’un pseudo, grâce à la chaîne des autres utilisateurs, a fini par la localiser en Vendée. La victime trouvée inconsciente après absorption de somnifères additionnés d’alcool a ainsi été sauvée. C’était une femme seule vivant avec un enfant handicapé.
En confiant son intention au réseau poétique, la désespérée, inconsciemment n’espérait-elle pas voir sous son immense douleur se nouer les mains tachées d’encre de tous les amis Pierrot, se tendre la toile des mots de tous les marcheurs sur la lune, de tous les amoureux d’un monde en concordance avec leurs rêves. A t-elle voulu confier sa vie trop lourde au pollen de tous les poèmes d’amour ? Voulait-elle en finir avec la parole pour revenir au premier cri du monde ?
Avait-elle lu cette autre phrase de René Char : « Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient. » ?

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