lundi 23 février 2009

Et si le XXIème siècle était poétique?

Et si ce siècle, contredisant Malraux devenait non pas religieux mais poétique ? Voilà que nait sur le profond mouvement social de la Guadeloupe puis de la Martinique le manifeste de neuf intellectuels Antillais, dont Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau…pour une société post capitaliste « non économique, où l’idée de développement à croissance continuelle serait écartée au profit de celle d’épanouissement; où emploi, salaire, consommation et production seraient des lieux de création de soi et de parachèvement de l’humain.» « Toute vie humaine un peu équilibrée, s’équilibre entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) et de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime ( en clair : le poétique) ». Le libéralisme « s’est emparé de la planète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous les imaginaires- non à une épuration ethnique, mais bien à une sorte d’épuration éthique entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de tout le fait humain. »
On peut lire dans « La parole en archipel » de René char : « les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort ». Depuis des années, le capitalisme nous inocule son idéologie mortifère. Il a transformé la personne en un individu isolé recherchant la maximation de son intérêt personnel. Il a tout marchandisé. Quand le « prosaïque » nous disent les auteurs Antillais, n’ouvre pas aux élévations du « poétique », quand il devient sa propre finalité et se consume ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de notre vie et son besoin de sens peuvent se loger dans ces codes-barres que sont « le pouvoir d’achat » ou « le panier de la ménagère ». Il est donc urgent d’escorter « les produits de premières nécessités » d’une autre catégorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument d’une « haute nécessité »… « Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté »
Où comment pour suivre René Char : « Echapper à la honteuse contrainte du choix entre l’obéissance et la démence ».

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