Il y a quelque temps, mon camarade Lamartine s’interrogeait pour savoir si les objets inanimés avaient une âme. Aujourd’hui et après quelques récitations hésitantes, je crois malheureusement que nous pouvons répondre sans hésitation oui mille fois oui, notre âme.
Les objets ont ravi notre âme depuis quelques décennies, transformant la plupart d’entre nous en compulsifs consommateurs, beaucoup trouvant même dans le renouvellement incessant et l’accumulation leur seul moteur de réalisation.
Parmi les fétiches à la mode, regardons l’écran plat. Il y a encore peu d’années, la télé se tenait dans un meuble, était retenu. Elle causait essentiellement au moment des repas, avant d’envahir le quotidien des ménagères de plus de cinquante ans engluées dans l’or noir de Dallas. Et puis la télé a débordé comme un lait sur les feux de l’amour devenant l’âme qui vive des maisons. Aujourd’hui la voilà crevant les murs comme le passe-muraille de Marcel Aymé, la voilà pratiquement dévorant les murs, élargissant considérablement la misère dans nos assiettes. Mais bizarrement un S.D.F, pratiquement grandeur nature, faisant les poubelles dans nos salons, passe aussi inaperçu dans le plasma que quand il était serré dans les cinquante centimètres des tubes cathodiques. Comme si, plus cet objet s’agrandit, plus se rétrécit notre âme. Sans parler du cœur dont les oscillations compassionnelles épousent leur platitude toujours plus grande.
La télé est devenue un vaste aquarium dans lequel nous regardons avec la plus froide indifférence évoluer, s’entre-dévorer ou se noyer les hommes. De temps en temps, on émiette quelques téléthons au dessus de l’eau par reflexe et bonne conscience.
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