samedi 28 avril 2012
Les réveils douloureux
Si on tente de dilater le quotidien, en secouant la neige des cerisiers ou en traçant dans la page jardinière une ligne verte, c’est bien parce qu’on est, depuis toujours, prévenu des possibles réveils douloureux. De ceux qui vous font rechuter dans la plus poisseuse réalité. Qui vous empâtent mauvaisement la bouche, vous empoisonnent le sang. De ceux qui meurtrissent vos lèvres, vous ravalent au rang de loups.
Pourtant au moindre rayon on feint de croire au recul de l’ombre, à la moindre déchirure bleutée, au retour de l’âme pour faire le printemps. Mais la nuit est têtue dans le cœur de l’homme. Le brun reste de matin. On est englouti par cette propension de l’humain à choisir la haine pour soulager ses maux plutôt que l’insurrection de la solidarité, la fraternisation des élans.
Alors il faut, encore plus, refuser de baisser les mots. Contre vents mauvais et marées amères, derrière la fleur blanche viendra le temps chargé de cerises. Viendront les voyelles fertiles dans les grappes vermillon. L’alignement des semis mettra feu clair à la page.
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