jeudi 26 avril 2012
Le repas du fauve
Ce temps est déraisonnable. On voit les loups à table. Toute l’Europe s’entache de brun. Sur la crise des immondices libérales, la charogne becquète. Comme toujours dans l’Histoire avec les mêmes conséquences funestes pour les pauvres gobeurs. Victimes d’idéologues uniquement préoccupés non du sort public mais de leur puante destinée. Ni la colère, ni la désespérance, aucune bonne raison ne peut justifier la vente de son âme. Nul aujourd’hui ne peut prétendre agir sans savoir. Tout est dit, tout est écrit. Nul aujourd’hui ne peut prétendre ne pas comprendre la simplification coupable, la réduction vicieuse des discours. Alors, s’il faut d’abord dénoncer ceux qui s’avancent masqués, il ne peut être question d’excuser ceux qui refusent de voir, pire qui trouvent plaisant de hurler avec les premiers. On ne peut banaliser une saute d’humeur qui assoit ainsi les charognards. Dans ce cloaque on ne doit retrouver ni la jeunesse ni la classe ouvrière, au pire les nantis, les emperlousées des côtes, les peureux du magot. Bien sûr ce temps est déraisonnable où la sanctification de l’argent a bouffé les âmes, où la séduction de la consommation a vidé les cerveaux disponibles, où l’individualisme frivole a dynamité le sens des autres. Bien sûr ce temps devient sans morale, abandonné soit à la dépression soit à la violence. Mais n’allons-nous pas ainsi vers un étouffement collectif, une mort du vivre ensemble ? Croyons-nous à la fin, malgré toutes ces reniements et turpitudes l’HOMME intouchable ?
Alors que dire de celui qui maintenant pompe sans complexe la voie haineuse de l’autre ? Celui qui, ainsi, s’essuie les talonnettes sur une de nos trois valeurs républicaines, la FRATERNITE ? Son puant petit manège le disqualifie pour diriger une France qui doit rester fraternelle au-delà de ses difficultés car elle a les moyens, dans la recherche d’un partage équilibré, de répondre aux légitimes angoisses.
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