dimanche 5 février 2012

Lettre de neige



J’avais voulu la lettre pour troubler ses traits. Approcher la lumière de son visage. J’avais rêvé ce chemin pour inventer ses doigts fébriles. J’avais choisi un papier d’un bel ivoire, au grain coulant. Les premiers mots étaient dans mes veines. Ils s’étaient posés choses vivantes. Les premiers mots étaient nus. J’avais ma petite musique quand les premiers flocons ont voleté à la fenêtre. Alors mon œil s’est ennuagé dans ce duvet. Ma plume s’est envolée dans cet étincellement.
Je suis revenu à la table vidé par cette clairière. Avec dans le cœur ces fragiles étoiles à souffler à mon amoureuse. Il me fallait des mots de neige maintenant. Des mots qui paillèteraient sa chevelure. Des mots qui ourleraient ses épaules. Des mots qui la feraient rire et danser dans une cour d’école. Il me fallait des mots qui l’emmitoufleraient. Des mots qui fondraient sur ses lèvres découvrant mes mots. Alors j’ai froissé mes premières phrases, jeté au feu les boules craquantes.
Alors j’ai posé sur la table une nouvelle page blanche.

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