samedi 11 février 2012

LA NEIGE TIENT



Je la cueille au réveil dans le frissonnement des os, visage cerné par la buée. Coups d’épingles dans le petit jour qui nait. Il neige. Petits pétales crémeux qui fondent puis se serrent, nouent premiers points de chaînette, trament des coudées de fil blanc. C’est comme à chaque fois, je sens que, bientôt, cette poudre va tenir assez dans mes yeux, pour me perdre. Alors que j’en extrais ses petits dérangements, qu’elle va, d’abord, m’éblouir, me faire rebrousser vers un temps pelotonné où je m’enfonce, me ramasser encore dans ses sucreries de l’enfance. Qu’elle va me pousser riant, dans la cour, entre les boules, sans regard pour le même transi dans un coin du préau.
C’est comme à chaque fois, je sens bien que je vais me laisser enfariner. Que je vais courir chuchoter à ma dormante : « il neige ». Pour le bonheur de saisir, encore, à la fenêtre, ses yeux ronds de petite fille.

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