En déplacement à Bonneval le 21 octobre, notre grand sapeur pompeur d'atmosphère dénonçant l'assèchement du goulot bagnolesque organisé par nos raffineurs de vie essencielle et diéséliste a eu cette brève tachée au zinc populaire : « Et ce sont encore les petits qui vont trinquer, pas les autres... » Les petits... évidemment pas sous la toise, mais alors c'est quand qu'on est petit? jusqu'où, quelle cran de la ceinture ? Et les autres, qui sont l'enfer,qui sont-ils ? A quel bout du bouclier fiscal ? A quel niveau d'huile ? En tout cas, ceux-là, comme le sous-entend la saillie, ne vont pas trinquer, ne trinquent jamais. Il y a donc bien deux France, celle des petits et celle des autres.
Sans doute, sorte de lapsus pour celui qui gouverne, depuis son intronisation par le Fouquet's pour les autres au nom des petits. Labeurer plus, gagner plus, plus longtemps, toujours plus de plus. Et quand les trinqueurs voient rouge, s'égosillent dans les rues, les fameux élus du peuple qui se proclament à son écoute estiment que c'est le résultat d'un déficit de communication. Que, plus tard, ils n'auront pas assez de maux pour les remercier. Qu'en gros, ils sont des aveugles au pays des éclairés par la seule électricité du suffrage universel.
Mais alors comment justifier le gavage d'une réforme, celle des retraites, qui ne figurait pas au catalogue du candidat Sarko en 2007 ? Peut-elle être frappée de l'onction d'un suffrage majoritaire? Non. Ceux qui ne sont pas les autres,attendent toujours l'explication rationnelle du chef. Allongement de la durée de vie des déambulateurs? Insuffisance des cochons de payeurs? Grande échelle cassée de la natalité? Allongement de la durée des chômeurs? Déséquilibre du système? Nerveux? Politique? Financier? Là nous touchons l'os. Et si le prime problème des retraites était l'allongement de la durée de survie des autres. Les rats dans les poubelles de la crise.
La réforme proposée aujourd'hui fait partie de l'addition laissée en paiement au peuple par les apprentis financiers, ces vérolés du business, vrais coprophages de la sonnante, anthropophages cravatés. C'est la double ration, la crise et la purge administrée par les mêmes qui ont versé l'huile sur la flambée bancaire. Mais depuis les petits tripatouillages ont fait de grandes hémorragies et il faut que les petits crachent au bassinet.
De nouveau il faut répondre à la voracité du marché. Lui jeter à la gueule la vertèbre soixantenaire. Pourtant,pour nombre de petits, la retraite n'est pas un problème mais une solution. Une solution à leur exploitation, à leur usure physique, leur mort psychologique, leur envie de suicide, leur envie de liberté, leur envie de vivre. Si le travail était, pour la majorité, ce qu'il est pour les autres, un temps de réalisation, d'épanouissement, de bonheur dans le pré avec l'oseille à la clef, les petits auraient, sans doute, moins envie de donner un grand coup de pompe aux autres.
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