samedi 27 février 2010

Grains de lecture 2010/3 David Foenkinos



Il y a les livres de soif qui nous désaltèrent agréablement et les livres de plaisir qui laissent en bouche une étonnante longueur, mettent en joie le corps et l’âme. La délicatesse de David Foenkinos a l’alchimie de ces derniers. Il nous attrape par l’humour mais nous succombons à son sens de l’amour.
Il commence par nous installer dans un roman-photo mené à la baguette de fée avec Nathalie et François qui étaient, en matière de mythologie de leur amour, comme des enfants à qui l’on raconte inlassablement la même histoire, puis trente pages plus tard, déchire le papier glacé, en renvoyant le premier amour à son étoile.
Alors, il met en puzzle la petite musique des surprises de l’amour autour de la fondante veuve dont la tristesse aggravait considérablement son potentiel érotique. Avec un premier maladroit chasseur, son patron à la tête d’une boîte suédoise rapidement découragé et désormais épuisé par la contemplation de cette féminité inaccessible. Puis avec Markus, collègue jusque-là transparent mais transformé en prince rêveur et amoureux fou par un baiser qualifié par elle d’acte gratuit dû à une anarchie subite de ses neurones et par lui, partout en lui, marchant dans son corps, d’art moderne (Carré blanc sur fond blanc). Et le héros Ikea, dont le physique n’est pas du premier degré, va utiliser l’humour et la délicatesse, en fait ses atouts naturels, pour séduire celle dont à cause de la moquette, on n’entendait pas le bruit de ses talons aiguilles. La moquette c’est le meurtre de la sensualité et lui rendre la monnaie de ses lèvres. Un Woody Allen jeune tout envahi par une Scarlett Johansson incapable de s’endormir : comment aller vers le rêve quand on vient de le quitter ?
Romance un peu belle et la bête ? Plutôt conte fantaisiste mais éclatant comme du champagne, plein de bulles comme : il trouva son salon bien trop petit par rapport à son envie de vivre ou il voulait être fou c’est bien la preuve qu’il ne l’était pas. L’écriture de Foenkinos légère et facétieuse, au fil des chapitres, transforme le plaisir en exquise ivresse.

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