mercredi 3 février 2010

Prescription poétique/2


Comment vivre sans poésie ? Quand le monde est plein de poésie pour qui sait voir. Apprendre à vivre en poésie, voilà surement ce que devrait prescrire notre fameux Poésie-thérapeute. Apprendre à voir, ouvrir l’œil à l’extraordinaire de l’ordinaire, être dans la disponibilité de la surprise, être dans la soif de l’émerveillement, être dans l’acuité du grain de sable. Apprendre à ouvrir tous ses sens pour accueillir l’émotion primitive. Etre dans l’échange des respirations avec le visage comme le feuillage. Capter le signe des signes. Apprendre à resserrer ses focales, agrandir sa petite musique. Etre dans l’amour. Changer le rapport de force en rapport d’amour comme dit le poète Werner Lambersy. Apprendre à se laver l’œil, à traverser le mur des apparences, du spectacle social, se réapproprier notre mise en vie. Etre dans la légèreté de l’être, cela ne signifiant pas être dans l’indifférence. Bien au contraire, aiguisée par la poésie, la sensibilité de l’être change son rapport au monde et l’invite à sa transformation.
Viendra le temps de creuser cet art du langage, son organisation des mots, sa recherche musicale, sa création expérimentale. Il s’agit d’abord d’apprendre à rêver la poésie plutôt qu’à chercher à en épuiser le sens. Il s’agit d’en inspirer le souffle bouleversant. Il s’agit d’en prendre la force, la mélodie ou la fantaisie pour être dans la joie ou la résistance.
Ce sens poétique acquis vous permettant d’isoler des pépites vous ouvrira d’étonnants voyages. Ainsi ce merveilleux chapeau de la rubrique météo du Ouest-France du 26 janvier dernier : Eclaircies vespérales . Le rédacteur qui commence par un alexandrin son résumé le flux de nord-est ramène de la grisaille… et le titre éclaircies vespérales a pour le moins l’âme poétique. Car cette simple alliance de mots va dynamiter notre grisaille et dynamiser notre quotidien. Cette concrétion de mots remâchée tout au long du jour va nous donner force et gaieté pour traverser tous les aléas climatiques du jour. Foin de l’environnement manquant de chaleur, de la routine grippant les instants, on a rendez-vous à la sortie avec une éclaircie. Il faut mille fois remercier ce poète des casses pour cette inspiration installant au cœur un tel espoir que cette journée là suspendue à son éclaircie vespérale va n’être que danse exactement sous le soleil,sous le soleil exactement.

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