samedi 3 avril 2010

Coup de main au culte



Il est combien difficile, certains jours, de démêler notre courrier de la masse des publicités l’entrelardant. Parfois au sein de cette vulgarité tapageuse, on se laisse prendre par une enveloppe qui bien qu’anonyme, sous cet aspect, nous semble destinée. Souvent astuce de distributeurs automobiles ou d’assurances, jurant promotions plus alléchantes les unes que les autres.
Cette fois, comment résister à la tentation d’ouvrir une enveloppe sur laquelle, tagué en gros caractères rouge et vert, je pouvais lire: « Vous aussi, devenez riche en 2010, de ce que vous donnez ». Enfer et damnation, point de surprise divine, mais à l’intérieur, une invitation à donner au denier de l’église 2010. Dieu me tripote comme disait le vénéré Desproges et oserait aujourd’hui le moindre calotté irlandais. Sonné comme quasimodo à pâques, j’ai, alors, repris l’enveloppe pour y lire plus bas : Amour, espoir, solidarité, compassion…tout ce qui n’a pas de prix a un coût .Voilà belle parole d’évangile à multiplier les petits pains et qui ressemble au fameux : un cheval bon marché est rare donc…mais qui peut rapporter gros.
Amour, espoir, solidarité, compassion, ont donc, pour l’église, un coût. Sans doute celui de ses chastes serviteurs qui ont, aussi, fait vœu de pauvreté. Mais ne faisons pas la fine âme. En ces temps de crise de foi dans notre bon vieux libéralisme, vers qui nous retourner et nous pencher sinon l’église qui est bien la seule à avoir cette capacité à embrasser tous les humains et les couvrir de ses largesses. C’est, en tout cas, ce que Monseigneur Castet, digne successeur de Richelieu, n’hésite pas à prêcher dans cette très pastorale brochure: Aujourd’hui dans nos vies, qui nous donne encore du sens, de l’espoir C’est plus que jamais la mission de l’église, une mission dont la valeur est inestimable, mais qui a un coût.
Charité bien ordonnée, il faut bien vivre. Et dans le monde de la libre entreprise tous les coûts sont permis. Cette fois, l’église a voulu réveiller les consciences en commandant à Euro RSCG une campagne bien sonnante. On a pu voir, ainsi, fleurir, pendant des semaines, des centaines de panneaux 4mx3m reprenant et jouant avec les codes de la publicité discount au service d’une société consumériste, où l’argent occupe tout le cerveau. Un détournement de ses veaux d’or …vers des paradis plus discrets.
Car, l’enjeu en vaut le cierge. Ainsi apprend-on que les 650000 euros versés aux marchands du temple publicitaire par les neuf diocèses de Bretagne et Pays-de-Loire ne représentent, en réalité, que 4% des recettes escomptées par cette campagne. Je vous laisse faire le calcul. C’est ce qui s’appelle recevoir au centuple. Là les deniers ne sont pas les derniers. Les voies du seigneur ne sont decidemment pas toujours impénétrables…enfin il faut devenir prudent sur la question. De quoi me faire botter le culte.

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