vendredi 5 avril 2013
Un drôle de penchant.
C’est ainsi, même si je cultive un esprit plutôt large et volontiers poétique, j’ai toujours un peu de mal à admettre la vie secrète des choses, particulièrement celle des objets qui m’entourent. Que j’ai donc, à priori, disposés pour mon plaisir avec le plus grand soin. C’est toujours le soir que le doute prend corps au moment où justement je m’apprête à me délester de mon impitoyable réalité de la journée en me laissant épouser par mon fauteuil et attirer par les millions de pixels de l’actualité. Quand, à deux doigts de synchroniser quelques neurones disponibles avec la diction promptée du présentateur, mon cortex vient se fixer sur le tableau pendu un peu à gauche de l’écran : Il penche de nouveau à droite.
Hors que ce penchant s’avère contraire à mon propre centre de gravité politique, il vient contrarier ce besoin d’équilibre qui, à cet instant, m’est indispensable pour lentement évacuer toutes les petites avanies et contrariétés des heures précédentes. Et me plonger dans la plus grande perplexité car je suis sûr de l’avoir remis parfaitement rectiligne la veille. D’autant que parcourant la pièce, je dois me rendre à l’évidence qu’il n’est pas le seul, loin de là, à avoir repris sa liberté d’opinion. Imperceptibles secousse sismique ou tassement du sol, passage d’insectes ou dépôt de poussière ? Pourquoi ne pas admettre un retour délicat au clou après une nuit un peu chaloupée ? Ou que ce léger clin d’œil angulaire ne vise qu’à me décrocher du triste spectacle du monde.
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