Elle le prend souvent de dos comme pour suivre son regard, capter sa vision. Il marche devant moi sur le bord régulièrement humecté par le clapot, soulève les gorgones emmêlées des algues, je le sens heureux sur cette page de sable dans ce présent un peu dilaté par l’affleurement océanique. Je le sens dans le bonheur d’une lecture, dans l’amour partagé d’une chambre noire.
Je peux mettre là un visage sur des morceaux de mots, des bouts de pensée, des impressions qui s’emboîtent dans mes mots. Qui prennent le même angle, me confondent ou me créent. Je peux mettre un visage sur des mots qui mettent des mots sur mes regards, posent des mots sur mes lèvres.
Je peux mettre un visage sur un regard qui nous démasque, passe en nous son regard d’encre. Je peux mettre un visage sur une langue qui émerveille l’ordinaire, qui brille de frottements, qui va où va le poème. Une langue qui enfonce, soulève, retourne la vie.
Je peux mettre un visage sur un corps qui sème et monte en mots. Je peux mettre un corps sur une terre de mots, je peux mettre un jardin sous une cloison de peau. Je peux mettre un visage sur un corps qui a fait sa maison et ajointe des briques de mots et des bris d’humanité.
Je peux mettre un visage sur un homme qui a bu le bouillon de l’humain, n’a pas fait l’impasse sur ses brouillons. A choisi de s’attarder à table et passer des actes d’amour. Un homme qui peut se regarder dans ses poèmes.
Ce poète là est bien vivant et chausse du 44. Il aime partager la vie, soulever le couvercle et trinquer. Il est souvent entre deux vers justifiés.
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