lundi 12 novembre 2012

Ses leçons de choses





Il a sept ans et la main gauche collée sur son buvard chicorée Leroux. Il s’applique à écrire, à la plume sergent-major, la liste des sept pluriels qu’il s’efforcera de mémoriser ensuite : bijou, caillou, chou…
Il a huit ans et ouvre ravi, au retour du jardin du maître, le chapitre : Plantons des choux, à la page 119 de son livre Leçons de choses en classe et en promenade pour cours élémentaire et moyen.
J’ai sept ans au bord du semis de sa pépinière de choux. Traits parfaitement rectilignes comme ses tracés d’encre violette. Dans deux mois il espacera sa sélection de replants en quinconce.
J’ai huit ans et je le regarde enterrer ses plants jusqu’aux premières feuilles. Suit-il ainsi, encore, dans ce geste, la consigne de la page 121 de son ancien Delagrave cartonné, dessin bleu, en couverture, d’épis de blés ?
J’y lis aujourd’hui dans sa préface : Les connaissances ont leur double racine sans lesquelles elles seraient superficielles et précaires : 1) dans la perception attentive du réel 2) dans son expression verbale.
Je n’ai pas connu en classe ces leçons de choses. Mais j’ai eu son jardin du maître pour école.


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