Entre le pain, quand même, et les larmes, il reste, pour se consoler, à nos amis grecs, sur lesquels fondent tous les rapaces du monde, la Poésie. Il y a quelques mois l’indispensable Poésie/Gallimard nous permettait grâce à une anthologie, savamment préfacée par Jacques Lacarrière, de découvrir la génération poétique des années 1945 à 2000. Derrière les consacrés Séféris, Rítsos ou Elytis, apparaissent nombre d’auteurs moins connus mais dont la langue affirme une vraie originalité. Volonté dans une modernité tempérée de questionner, réinventer, rendre plus habitable le présent.
Cette fois, le même éditeur nous offre à lire, dans la même collection Kiki Dimoula, une poétesse née à Athènes en 1931, dont j’ai retenu ce poème :
Images qui font le silence
Aux hameçons de l’après-midi
aux épines de couleurs,
se sont prises et pendent quelques images.
A travers notre vie et hors de notre vie
et elles frétillent sans lien entre elles :
l’image d’une pluie
et à côté l’image d’un pont les soir ;
ensuite, l’image de visages,
sans rives et sans passage.
Mais que le vent idiotement les agite
et tout se mélange.
Et l’on obtient l’image
de visages
sur un pont
sous la pluie
le soir.
Aux hameçons de l’après-midi,
aux épines de couleurs,
se sont prises et pendent
des images qui font le silence.
Pendante, une image de fenêtre.
Les rideaux parsemés
d’un automne descendant tout en feuilles de platane.
Une image de main qui souffle
comme un vent rétablissant les feuilles.
Image aussi la grande vague de temps
qui se rue pour t’emporter,
car à chaque fois tu oublies ouverte
la porte du rêve.
Qu’est-ce qui me chagrine, qu’est-ce qui me chagrine ?
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