vendredi 23 octobre 2009

Blues pour Jacques Chessex


Alors qu’il était violemment interpellé, lors d’un débat consacré à son dernier livre, à propos de sa défense du cinéaste Roman Polanski, le poète et écrivain suisse Jacques Chessex a été foudroyé par une crise cardiaque. La littérature en perdant cet « ogre », surnom hérité du titre du livre qui lui a valu le prix Goncourt en 73, voit s’envoler une de ses plus grandes voix, une voix troublante, rugueuse fouillant nos parts de lumière mais surtout d’ombre, sondant les abimes de la chair comme de l’âme, une voix enragée à nommer ce qui se dérobe, sexe ou Dieu Celui qui vivait des visages, des corps, des voix tues est sorti de l’imparfait et même des formes, des images, des tableaux qu’il croyait les plus proches de l’absolu.
Grand romancier Jacques Chessex était d’abord un immense poète :

Qu’entends-tu sur le bord de la neige ?
Je n’entends rien ou ce bruit
Qui vient de mon cœur toujours tenté
De redescendre dans le rien…


Un poète parlant ainsi de l’amour :

Mon amour tu es là
Comme un feuillage clair sur la page
Et je n’ai rien reçu
De plus précieux que ce pouvoir
De te comparer à la vie.


Ou de la mort :

O Charon/ Quand je devrai passer l’eau noire
Le temps du voyage/ Laisse moi tenir mon invisible main
Cette monnaie de feuille/ Afin, serrant l’obole friable sous mes doigts raides
Qu’en ce dernier instant je me rappelle/ L’instant que je n’ai pas su vivre.

Un poète du blues dans « Allegria »

Comme Oscar Peterson égrène ses notes
D’eau fine de cascade de nocturne source
Toi fauvette au bois du cimetière/ Tu me parles
Dans la douceur d’être vivant/devant la mort.

2 commentaires:

  1. Bonjour Monsieur, Pourriez-vous svp donner les sources de ces extraits, à part celui de "Allegria"?

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  2. Poesie Complète paru en 2000
    chez Bernard Campiche Editions

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