dimanche 1 décembre 2013

J’ai 11 ans / 16 /




A mon retour fin juillet j’ai retrouvé un jardin mangé d’un tiers, la maison prolongée de deux chambres et d’une petite salle d’eau. J’avais ainsi la véritable explication du pour mon bien de mon éloignement. La maçonnerie était l’œuvre d’un oncle, la menuiserie celle de mon frère. Après son mariage, ces chambres seront régulièrement louées pendant l’année scolaire. J’occuperai celle du fond aux vacances.
Ce 15 septembre 60, la Toussaint me parait très lointaine. Je me crispe contre les haut-le-cœur qui me brassent dans l’autocar Chausson qui m’emmène vers l’inconnu. Chavagnes à 70 km, j’ai tout le temps, à côté de maman qui serre une serviette, de mélanger le rire de Monique à la joie radiophonique de Jazy second du 1500 m, le 7 septembre, aux Jeux olympiques. J’ai tout le temps de ne surtout pas imaginer mes lendemains.
J’ai 11 ans, c’est une autre histoire maintenant entre le ciel et moi. Entre le ciel et mes petits îlots de terre. Entre le bon dieu et mes petites diableries. J’ai 11 ans petites ouies prises dans les mailles avec des dizaines d’autres. Joli coup de chalut diocésain cette année-là. Exactement cent nouvelles recrues pour cette rentrée 60. Résultat d’une année baptisée l’année du sacerdoce. Les rabatteurs se frottent les mains ointes. Je suis l’innocent aux mains vides. Je ne me demande pas, encore, quelle conjonction de duperies et flagorneries cléricales, de projection et aveuglement familiaux, de lâchetés amicales m’a arraché du commun troupeau ?








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