Vient de paraître aux Editions Soc et Foc « Les dérives immobiles »
Textes de Jean-Pierre SAUTREAU autour des tableaux de Jean-François BOURASSEAU
Préface de Lucien SUEL
Propos de l’auteur :
Au départ il y a le peintre mais avant le peintre le photographe puis le poète :
En effet avant l’œil du peintre il y a l’œil du photographe. L’œil plus ou moins instantané dans sa sélection poétique. Que ce soit dans la série des « pans » ou des lieux, bien évidemment, même pour des raisons différentes, l’invitation à la métaphore ou à la transmutation est coexistante à ce choix. Ainsi pas de plus beau sésame, passe-muraille qu’entrez sans sonner. Pas de plus belle entrée dans l’imaginaire que la porte poussée d’un café ou d’un théâtre.
Le peintre lui transforme le support photographique en matériau pictural. Au fond il s’en débarrasse en le dramatisant. L’apparence prend feu, l’apparition prend chair. Il bouleverse ces impressions arrachées à l’intuition. La toile enflamme la photo. Le peintre déchire, colle, popote autour des coulures, des taches, rajoute ses jus acryliques ou ses noirs de café. L’œil englouti fait place à la vision.
Alors c’est du peint béni pour le poète invité à entrer sans sonner. Il suffit pour le poète de se faire prendre, surprendre par le tableau. De se laisser à son tour bouleversé par les émotions ou sensations qui se dégagent des toiles. Plein de fils s’offrent à lui qui deviennent chemins puis voyages. Ces dérives qui peuvent naître de l’imprégnation du tableau total, son atmosphère comme dans la jouissance du temps ou d’un détail comme dans le ventilateur poitevin. Alors le texte devient célébration ou histoire, parfois entrainées ou rehaussées en contrepoint de la technique du peintre par des collages de phrases d’auteurs célèbres.
Puis vous pourrez découvrir une seconde partie :
La correspondance échangée pendant toute l’année 2010 d’élaboration de ce compagnonnage artistique. Là il faut isoler le mot immobiles du titre, qui symbolise cette longue période pendant laquelle les deux amis travaillent et échangent, bloqués par leur problème respectif de santé. D’aucuns disaient et disent : il ne faut pas attendre que les poètes soient morts pour les lire…Cette correspondance est là pour bien montrer que, si j’ose dire, le peintre ou le poète sont des hommes comme les autres et que la création n’a rien d’éthéré et circule d’abord dans le sang et s’abreuve aux poumons et aux yeux. Que pendant l’acte créatif la vie continue mais de plus belle forcément.
Il restait l’éditeur :
Ce livre est le troisième édité par Soc et Foc. Pour un auteur avoir un éditeur fidèle et respectueux du travail réalisé n’a pas de prix. Mais l’équipe de Soc et Foc pousse toujours plus loin la recherche d’originalité et de qualité des ouvrages, tout en y associant les auteurs. Et dans notre société du numérique, où la poésie est pratiquement ignorée, il faut une audace et une volonté peu communes. Une conviction politique bien chevillée que c’est une contribution au ré-enchantement de notre monde.
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